Donation du duc Richard II, à l'abbaye du Mont-Saint-Michel.
Le duc est représenté à droite de l'abbé, à gauche, trône le roi Lothaire.


Cartulaire du
Mont-Saint-Michel,
XIIe s, Bibliothèque municipale d'Avranches

 

ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
 
 
 
ABBAYE

 

Le Temps des premiers Capétiens :

LA NORMANDIE DUCALE

De Rollon à Richard II

911-1026


 

"BILLET SAVANT DU BULLETIN DE L'OUEN N°10


Abbayes bénédictines et abbés dans la Normandie ducale


L'idée selon laquelle les Normands auraient balayé sur leur passage le monachisme de la province de Rouen mérite quelque peu d'être révisée. Les actes de la pratique émanant des dues en faveur d'établissements monastiques datent de la deuxième moitié du Xe siècle, soit bien après l'installation de Rollon dans le duché, ce qui à première vue conforte la thèse de la disparition du monachisme. Mais une relecture attentive des témoignages narratifs et de la production diplomatique antérieure à l'arrivée des Normands est de nature à modifier cette thèse. De même qu'aujourd'hui un consensus se fait autour de l'idée que les évêques disposent encore d'une autorité en 911 dans la province ecclésiastique de Rouen, de même il semble qu'on puisse déceler les traces d'une présence monastique au moment de la formation de la principauté normande. A Jumièges les moines sont encore présents en 862 soit une vingtaine d'années après l'irruption des Normands dans la province ecclésiastique. On ignore la date de leur départ à Haspres dans le Cambrésis, mais l'on sait, d'après le témoignage de Guillaume de Jumièges, que dès 940 deux moines sont déjà revenus. Leur retour pourrait même être antérieur. Quel que soit le type de clercs qui vécurent au Mont-Saint-Michel avant l'introduction des bénédictins en 966, la vie religieuse s'y est maintenue. A Saint-Evroult, les guerres qui ont opposé les membres de l'aristocratie franque dans les années 940 ont provoqué le déclin de l'abbaye, mais des clercs y sont demeurés. Une étude récente de Jacques Le Maho montre qu'une partie du clergé régulier du Cotentin oriental et du Bessin occidental, fuyant la région dans les années 889-890, trouve momentanément refuge à Rouen, à Jumièges et à Fécamp. Ces deux derniers établissements sont certes vidés de leurs communautés d'origine, mais le monachisme va y revivre au moins pour un temps. A La Croix-Saint-Ouen au diocèse d'Evreux, qui deviendra La Croix-Saint-Leufroy, les moines restent jusqu'en 884 et peut-être jusqu'en 898. Il n'y a, en aucun cas, de désertion complète des moines dans ce qui ne va pas tarder à devenir la Normandie. Les Normands ne découvrent pas la région, encore moins les Francs en 911 puisque Rollon, qui s'est vu confier la tutela regni, est déjà bien intégré aux réseaux d'alliances et de parenté du royaume de Charles le Simple, comme l'a récemment montré Pierre Bauduin. Son insertion précoce dans les structures franques fournit un élément d'explication quand on cherche à comprendre la politique de réimplantation du monachisme en Normandie. Tout au long du Xe siècle, les successeurs de Rollon, Guillaume Longue Épée et Richard Ier jettent les bases d'un monachisme qui s'épanouit au siècle suivant. L'action des ducs consiste à relever les monastères d'époque mérovingienne de la vallée de la Seine et du Mont-Saint-Michel. Ils inscrivent leur politique dans la tradition franque de protection des monastères et de la vie monastique.

Malgré la présence de clercs et peut-être de moines dispersés en Normandie, il manque véritablement de structures d'encadrement du monachisme, ce qui conduit les ducs à faire appel à des abbés de l'extérieur de la province, de Poitiers, de Flandre, de l'Orléanais. L'action de ces derniers se laisse difficilement saisir. Les patrimoines ont commencé à être reconstitués, grâce au retour des chartes des régions où avaient fui les communautés. Des moines repeuplent les abbayes à Jumièges, à Fontenelle-Saint-Wandrille et au Mont-Saint-Michel."


CTexte extrait de la page web : http://www.unicaen.fr/mrsh/ouen/billetsavant10.html



Guillaume Longue-Epée (912-942)


C'est donc le fils de Rollon, Guillaume Longue-Epée, qui recomposera à nouveau le cadre monastique de la Normandie. Il relève ainsi l'abbaye de Jumièges en 940, en particulier la façade et les deux travées de l'abbatiale Saint-Pierre (immédiatement au sud de la grande abbatiale Notre-Dame). C'est dans cette abbaye où le Duc espérait reposer après sa mort. Les ruines de cette abbatiale Saint-Pierre de Jumièges sont un des rares témoignages de l'art préroman, voir : Abbatiale Saint-Pierre de Jumièges

Cet évènement est narré dans la " Complainte sur l'assassinat de Guillaume Longue-Epée", poème inédit du Xe siècle, dans Bibliothèque de l'Ecole des Chartes ( t. cœurI, 1870, p. 389-411). La légende dit que "deux vieux moines flamands, Baudouin et Gondouin, vinrent à Jumièges et commencèrent à relever les ruines. Etant venu chasser en forêt, Guillaume Longue Epée les rencontra. Mais il refusa le pain qui lui tendirent ces deux fantasques ermites. Poursuivant sa chasse, au lieu dit Saussemare, un sanglier chargea le duc qui vit en cet épisode un reproche de Dieu. Il s'en retourna vite vers les moines et partagea cette fois leur repas de misère. Rentré à Rouen, Guillaume allait leur déléguer ses meilleurs ouvriers. Ainsi fut entreprise la reconstruction du monastère".

extrait de la page http://www.ifrance.com/yainville/les%20mainberte%201.htm

Par ailleurs, Guillaume octroie de nombreux village aux chanoines du Mont Saint-Michel : Moidrey, Charcey, Marigny, Curey, Forge, Soligny, Dameigné, Macey, Les Challiers, Peleton, la moitié de Cormeray, Vergoncey, La Meigné, Saint-Jean-le-Thomas et Le Mesnil-Ranger dans le val du château de Mortain. Enfin, le monastère de Fécamp, incendié par les Normands vers 842, commence d'être restauré sous l'égide du prince, et continuera de l'être par le fils de Guillaume, Richard Ier.

Richard Ier (932-996)

Vers 990, en effet, Richard y fait construire la vaste abbatiale de la Sainte-Trinité.

Richard Ier
Statue commémorant le fondateur de l'abbaye, par Devaux, 1881.
Façade de l'église abbatiale de Fécamp
Photo : Ville de Fécamp


Le duc fonde le monastère de Saint-Taurin d'Evreux en 943, restaure les abbayes de Fontenelle (Saint-Wandrille, en 960) et de Fécamp. Au monastère du Mont Saint-Michel, les chanoines auraient connu alors beaucoup de relâchement, si bien que, avec l'accord du Pape Jean XIII, Richard chasse la communauté canoniale en 966, pour la remplacer par celle des Bénédictins, une trentaine de moines venus de Fontenelle (Saint-Wandrille).

C'est un chanoine, Dudon, de la Collégiale de Saint-Quentin en Vermandois, qui commence à écrire à la fin du Xe siècle une "Vie des premiers Ducs de Normandie" (De moribus et actis primorum Normanniae ducum ou Gesta Normannorum ). Dudon avait commencé son ouvrage du temps du duc Richard Ier, mais la mort de celui-ci lui ôta l'envie de le continuer, ce que lui priera de faire le fils de ce prince, Richard II. Son oeuvre sera reprise, corrigée, augmentée par plusieurs successeurs : les moines Guillaume de Jumièges (1025-1090), Orderic Vital (Orderic Vitalis, + 1142), enfin, Robert de Torigni (+ 1186), aboutissant, en quelque sorte à un ouvrage collectif s'étendant de Rollon à Henri Ier (851 à 1135).
Dans deux chartes, Dudon s'intitule capellanus et cancellarius du duc de Normandie. On peut légitimement penser qu'il participa aux offices des chanoines de La Trinité de Fécamp, puis à ceux des moines bénédictins installés vers 1001 par Guillaume de Volpiano.


Richard II (996-1026)

Avec le règne de Richard II, c'est un architecte et réformateur d'envergure qui apparaît en Normandie :

Guillaume de Volpiano

A peu près au même moment où il entame les travaux de la rotonde de Saint-Bénigne (1001), Guillaume répond à la demande du Duc de Normandie Richard II de fonder une abbaye à Fécamp, qui jouxtera le palais ducal, à la place d'un chapitre de chanoines. Ce oui ne se prononce pas non sans hésitation, sans doute, car les souvenirs des invasions ne sont pas loin et les nouveaux maîtres parlent encore norrois. Mais Richard a des atouts certains, que des religieux, envoyés du Duc, viennent exposer à Guillaume, qui emporteront l'adhésion de Guillaume. De toute évidence, ils lui auront parlé de sa foi certaine, qui le conduit à œuvrer pour la réforme de l'Eglise, sa générosité qui permet à l'architecte d'œuvrer sans compter à la gloire de Dieu et de la famille ducale. Bien entendu, ils n'auront pas insisté sur la volonté politique de Richard, de pérenniser le pouvoir normand et d'unifier le pays composé d'une population d'origine diverse. Signalons en passant que la belle-sœur de Richard, la comtesse Lesceline, femme de son frère Guillaume, comte d'Eu, fondera l'abbaye de Saint-Pierre sur Dives (Calvados). La première abbatiale, commencée vers 1011,sera consacrée en 1067 par Guillaume le Conquérant.

A l'abbaye de la Trinité de Fécamp, Guillaume remplace les chanoines installés par Richard en 990 par des Bénédictins, qui devront suivre les coutumes de Cluny, qui subissent tout de même quelques adaptations. Afin de restaurer efficacement le monachisme dans la province, Guillaume de Volpiano cumule les abbatiats de Fécamp, de Bernay fondé vers 1008 et peut-être de Jumièges de 1015 à 1017, ainsi que celui de Gorze, proposé par Thierry II. Par la suite il se fait remplacer par des hommes de confiance, l'Italien Jean de Ravenne à Fécamp en 1028, Thierry, ancien moine de Dijon et prieur de Fécamp, à Bernay, à Jumièges et au Mont Saint-Michel (vers 1023), et d'autres, qui construisent ou réforment, notamment au Bec-Hellouin, à Caen (abbayes aux Hommes et aux Femmes), à Saint-Taurin d'Évreux.

"Le duc Richard Il apprécie Guillaume. Il l'invite à se soustraire à toute autorité laïque ou religieuse en se mettant directement sous la tutelle du Pape. Le 30 mai 1006, Guillaume signe ainsi, à Fécamp, une charte dite "d'exemption", en présence du roi de France Robert le Pieux. Curieusement, le Pape est mis à l'écart de cet acte, qu'il ne le ratifiera que beaucoup plus tard. S'est-il offusqué des rappels à l'ordre que s'est permis Guillaume ? Au Pape Jean XIX, il écrivait ceci "En effet, vous, déserteurs de la véritable lumière, pasteurs seulement de nom, vous voyez désormais à quoi la bergerie du Christ s'est réduite sous votre direction."

texte extrait de la page web :
http://mcm.ifrance.com/Moonshiners_mcm/cdl%20sauvegarde/abbaye.htm

Un pied à Cluny, un pied à Gorze, nous voyons bien que Guillaume de Volpiano est au cœur des réformes monastiques. Il réfléchit à la structure du lieu, mais aussi au culte, à la liturgie, mais aussi, comme nous le verrons plus loin, à la musique.

"Dans le domaine liturgique, les travaux de Dom Hesbert, de Michel Huglo, de Dom Le Roux et plus récemment d'Olivier Diard, montrent que pour l'office, Guillaume de Volpiano a imposé le cursus bénédictin dans quelques monastères rénovés, c'est-à-dire 12 leçons et 12 répons répartis sur les trois nocturnes pour les fêtes solennelles. Concernant le répertoire liturgique, son influence se vérifie par la présence de pièces originales probablement composées par lui, l'adaptation d'autres pièces par des variantes musicales et littéraires, ce que Raoul Glaber appelle des «corrections», et leur ordre dans certaines solennités. Son influence apparaît dans les quatre dimanches de l'Avent avec un choix de répons et d'antiennes présentés dans le même ordre dans les antiphonaires et bréviaires manuscrits de Fécamp, de Jumièges, du
Mont-Saint-Michel, de Saint-Martin de Troarn et indirectement de Conches. Le choix des répons pour les Jeudis, Vendredis et Samedis Saints permet de relever un cursus original dans les abbayes de Fécamp, Jumièges et Troarn. La présence d'un office original normand dédié à saint Bénigne à Fécamp, au Mont-Saint-Michel et à Jumièges, composé par Guillaume de Volpiano, a influencé la composition d'autres offices de saints normands où l'on retrouve des variantes des mêmes mélodies. Ainsi l'office dédié à saint Taurin a été composé à Fécamp après la mort de Guillaume et est chanté à Fécamp et à Conches. Si le chant grégorien importé par Guillaume a effectivement remplacé le chant gallican, il lui a fallu imposer une théorie pour expliciter l'accord entre les mélodies permettant de réciter les psaumes (tons psalmodiques) et les chants les encadrant (antiennes). Conforme au tonaire de Saint-Bénigne de Dijon, le tonaire de Fécamp s'est répandu à Jumièges."

texte extrait de la page web :
http://mcm.ifrance.com/Moonshiners_mcm/cdl%20sauvegarde/abbaye.htm


Pour l'
abbaye de Bernay, Judith de Bretagne avait consacré une partie du douaire constitué par son époux Richard II, formé de domaines situés en Lieuvin, mais aussi en Cinglais et dans le nord du Cotentin. Guillaume de Volpiano en est le maître d'œuvre, mais il est maintenant assez certain que son achèvement sera l’œuvre du premier l’abbé de l’abbaye devenue autonome, nommé vers 1060, Vital de Creully († 1082), "à qui cette réalisation vaudra d’ailleurs le privilège considérable de devenir abbé de Westminster en 1076, en considération du fait qu’il "avait élevé considérablement l’abbaye de Bernay à partir de peu de chose ". Cependant, nul doute que, là encore, le grand architecte a imprimé sa marque, surtout quand on sait que l'on a trouvé sur un des chapiteaux la signature d'Isambardus (Isambard, Isembard), compagnon de Guillaume venu de Sainte-Bénigne de Dijon :
"(..) l'influence clunisienne et dijonnaise est visible à Bernay, abbaye construite dans les années 1025-1030 et dont Guillaume de Volpiano a été l'abbé. Le plan échelonné à chevet, la présence de piles composées et celle d'une coursière au niveau supérieur du mur oriental du transept attestent l'influence bourguignonne. En matière de décoration, le traitement et la manière d'organiser la figure dans un cadre d'un chapiteau de Bernay, conservé dans la crypte, orné d'un personnage à casque feuillu, pourraient indiquer des similitudes avec l'atelier de Saint-Bénigne."

extrait de la page web http://www.mondes-normands.caen.fr/france/cultures/GB_FR/culture3_2.htm

 
C'est Guillaume qui résout le casse-tête de l'abbaye du Mont Saint-Michel, par lequel un archange exigea d'Aubert, évêque d'Avranches (Manche) dans les premières années du VIIIe siècle, de construire un sanctuaire sur une pointe étroite. Aubert n'y construit qu'un oratoire en traînant les pieds, ce qui causa les foudres de l'archange. Il dut être un peu rasséréné quand Guillaume trouva la solution, et que Richard II offrira les îles Chausey à l’Abbaye, d’où sera extrait le granit qui alimentera la construction. L'abbatiale s'appuiera sur les chapelles souterraines en contrebas qui compenseront la pente. En conséquence, c'est sur leurs voûtes que s'appuiera une grande partie de l'abbatiale, commencée en 1023. Une première chapelle est construite sur le flanc est, puis au nord (chapelle Saint-Martin) et au sud (Notre-Dame-des-Trente-Cierges). Hélas, en 1103, la partie nord s'effondre, tout doit être reconstruit, sans compter que la foudre et, plus tard, un incendie, réduisent les charpentes de bois à l'état de cendres.

Nous avons dit que Guillaume avaient plusieurs cordes à son arc. Intéressons nous maintenant à ses talents de musicien, puisque c'est à Fécamp, qu'il va apporter ses meilleures contributions.
 
" Une école de chant* fut créée et animée par les deux premiers abbés d’origine italienne, Guillaume de Volpiano et son disciple Jean de Ravenne (1028-1079). Ils sont sans doute les premiers à avoir instauré un système de notation musicale dans lequel les notes étaient symbolisées par des lettres : A désignait le la, B le si bémol, C le do etc. Ce système est toujours utilisé de nos jours, en particulier dans les pays germaniques. Parallèlement, on utilisait au XIe siècle des signes, appelés " neumes ", pour figurer les évolutions de la mélodie au-dessus des textes liturgiques. Ceux-ci ont été progressivement disposés autour d’une ligne, puis de plusieurs. C’est le point de départ de la portée, qui semble également provenir de Fécamp. L’abbé allemand Isembard de La Trinité-du-Mont (†1054) et ses disciples composèrent de leur côté de nombreuses pièces musicales."
* Note de l'encyclopédiste : On dit que Guillaume aurait introduit l'organum en Francie


texte extrait de la page web : http://www.mondes-normands.caen.fr/france/cultures/GB_FR/culture6_12.htm

"Raoul Glaber insiste sur la décadence qui règne dans le domaine du chant en Normandie et sur l'influence qu'a eue Guillaume de Volpiano dans le détail de l'organisation des chants de l'office. Il faut très vraisemblablement considérer qu'il a lui-même composé des antiennes et des répons, que l'on ne rencontre que dans les manuscrits des monastères qu'il a lui-même réformés. La Bibliothèque municipale de Rouen conserve un antiphonaire-hymnaire du XIIIe siècle, précédé d'un traité de musique et d'un tonaire. Or ce tonaire en usage à Fécamp s'apparente à celui de Saint-Bénigne de Dijon, connu par un manuscrit conservé à la Faculté de Médecine de Montpellier et attribué à Guillaume de Volpiano."

texte extrait du site web http://www.unicaen.fr.htm

Le monastère de Fécamp semble avoir été le couvent préféré de Volpiano : il s'y retira pour y finir sa vie (1031). Richard Ier et Richard II y ont leur sépulture, et l'histoire de Fécamp a retenu la cérémonie qui se tint en 1162 à l'initiative d'Henri II Plantagenêt pour le transfert des restes de Richard Ier et de Richard II en l'abbatiale de la Sainte-Trinité.

"(...) le monachisme qui prend son essor dans les années 1030 avec la multiplication des fondations aristocratiques, relayant l'action des ducs, présente des similitudes avec le monachisme de Guillaume de Volpiano. Les nouvelles abbayes que sont Préaux, Cormeilles, Grestain et d'autres ont à leur tête un supérieur, appelé parfois custos, qui ne porte pas le titre abbatial, le temps que s'affermisse la jeune maison et qu'elle se détache de la maison-mère dans l'orbite de laquelle elle a été créée34. Peut-être faut-il voir en cette pratique une influence de Guillaume qui, on l'a vu, avait instauré la pratique du gardiennage à Bernay. Jean de Ravenne cumule de 1052 à1054 les abbatiats de Fécamp et de Saint-Bénigne de Dijon35. Rainier, deuxième abbé de La Trinité-du-Mont de Rouen a très vraisemblablement exercé quelque temps la responsabilité de premier abbé du Tréport fondé en 1059, exemple de cumul à la manière de Guillaume de Volpiano36. Le cumul ne doit pas être interprété comme la volonté d'imposer un monachisme autoritaire, mais comme une pratique de gouvernement dans une période délicate."

texte extrait du site web http://www.unicaen.fr.htm


 


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