ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABBAYE

Le Temps des premiers Capétiens :

La Normandie ducale

2e partie :

Robert le Magnifique

 
 
Initiale illustrée des Gesta Normannorum ducum de Guillaume de Jumièges.
L'auteur est représenté remettant au duc Guillaume le Conquérant le manuscrit de l'œuvre rédigée vers 1071-1072. (Copie de la main d'Orderic Vital, abbaye de Saint-Evroult, 1er quart du XIIe s.)
Bibliothèque municipale de Rouen
Ms 1174, Y 14

 


Robert le Magnifique (1010-1035)


Le mouvement de rétablissement des monastères dans la Normandie ducale va s’accélérer dans le courant du XIe siècle. Les ducs eux-même continuent de donner l’exemple. Le fils de Richard II, Richard III, n'eut guère de temps à cela, très probablement empoisonné dans la troisième année de son règne (1028) par son frère Robert, qui relégua son fils bâtard, un petit bébé de quelques mois, à l'abbaye de Fécamp. Il eut tout de même le temps de constituer un douaire pour son épouse, Adèle de Francie, dont faisait partie "l'abbatiam [...] quae appelatur Portus Bahil [...] cum portu". l'abbaye de Portbail, avec le port, qui existaient déjà au VIe siècle, qui fit partie des possessions de l'abbaye Fontenelle (Saint-Wandrille) à l'époque carolingienne et deviendra prieuré de l'abbaye de Lessay.

Au début de son règne, le duc Robert, aux prises avec plusieurs de ses barons, a tendance à spolier les biens ecclésiastiques. Il est alors appelé Robert le Diable. Il renouera pourtant avec la politique traditionnelle de ses pères, et sera appelé le Robert le Libéral ou le Magnifique. Il oeuvrera en faveur de Saint-Wandrille, Jumièges, Fécamp, ou du Mont-Saint-Michel. Il fondera plusieurs abbayes, en des lieux où des établissements monastiques avaient été installés il y a longtemps, mais qui avaient périclité : à Cerisy (1032), à Montivilliers (Monasterii Villare, 1035), à Saint-Evroult (1050), monastère confié aux moines du Bec-Hellouin . A Cerisy, les Bénédictins recueillent l'héritage de saint Vigor (+537) qui y fonda le premier couvent. A Montivilliers (ou Montvilliers), monastère de femmes, ce serait saint Philibert qui aurait installé en 684 la première communauté monastique. L'abbaye de Saint-Evroult (ou Evroul), quant à elle, aurait été fondée au VIe siècle par saint Evroult, ermite protégé par Childebert II, et détruite par les Normands.

Il n'y a pas que les grands princes, bien entendu, qui font bénéficier les monastères de leurs largesses. Depuis le début du monachisme chrétien, nous l'avons vu, les grands Seigneurs favorisent ou sont à l'origine de nombreux monastères. Citons pour le règne de Robert :

- l'Abbaye de la Sainte Trinité du Mont (Seine-Martitime), sur la Côte Sainte-Catherine, à Rouen, fondée en 1030 par Goscelin d'Arques et sa femme Emmeline :

La Côte Sainte-Catherine en 1525 d'après Jacques Le Lieur


"Ce Vicomte de Rouen, sieur d'Arques et de Dieppe (probable auteur des poids et mesures en Normandie) se retira lui-même dans l'Abbaye où il mourut.
Le premier abbé de la Trinité eût en sa possession les reliques de Sainte Catherine (Sainte dont l'histoire est contestée) qui permirent les guérisons miraculeuses de muets, aveugles, fébriles et bien d'autres... On vint donc en pèlerinage à l'Abbaye qui prit peu à peu le nom de Sainte Catherine.
"

extrait de : http://www.mairie-bonsecours.fr/hist_patr/hist4.php3


- L'abbaye Saint-Pierre de Préaux (Calvados) : "(...) elle se situait en lisière de l'ancien diocèse de Lisieux, à quelques kilomètres au sud-est de Pont-Audemer. Les origines de ce monastère remontent à l'époque des "saints pères de Fontenelle", avant l'arrivée des Normands, puisqu'on possède une mention de son existence dans le testament d'Anségise abbé de Fontenelle. Préaux se trouve fondée à un endroit stratégique, à proximité d'un fisc de Saint-Germain-des-Prés, la Villa supra mare identifiée à l'actuel Saint-Germain-Village.
Détruite par les Normands puis restaurée en 1034, Préaux bénéficie à nouveau de sa situation, à proximité d'un pont sur la Risle, lieu de passage obligé, où se développe un important marché qui devient au début du XIe siècle Pont-Audemer. C'est à Onfroi [ou Onfroy, 995-1044]* de Vieilles, secondé par l'abbé Gradulfe de Fontenelle, que l'on doit cette restauration : Saint-Pierre de Préaux devient ainsi fille de Fontenelle qui lui donne ses premiers moines et ses trois premiers abbés. Onfroi, à l'origine de la famille des Beaumont-Meulan, fait de Saint-Pierre de Préaux une abbaye familiale qui deviendra la nécropole des comtes de Meulan."

texte extrait de :
http://www.unicaen.fr/mrsh/crahm/revue/tabularia/pdf/rouet.pdf.

* note de l'encyclopédiste

L'abbaye du Bec-Hellouin (Eure, Beccensis ecclesia 1041, Beccus Herlevini, vers 1160, de "bec", "becquet", du norrois bekkr, ruisseau)

Abbaye du Bec, marques de maçon. La marque d'une étoile juive n'est pas étonnante : les juifs très tôt marginalisés, puis martyrisés, déjà au moyen-âge, étaient souvent réduits à pratiquer des métiers pénibles de tâcheron.

"A l'origine, vers 1035, le chevalier du Comte de Brionne, le bienheureux Herluin [995-1078]* et ses compagnons, avaient choisi d'installer leur communauté à Bonneville, sur le plateau qui domine la vallée de la Risle. Mais l'eau manquait par trop, aussi quelques années plus tard les ermites décidèrent-ils d'aller se regrouper au confluent de la Risle et du Bec, à Pont-Authou. C'était aller de mal en pis car les lieux, où ils restèrent malgré tout une trentaine d'année, étaient à la merci d'inondations. Il ne reste aucun vestige de ces deux premières installations. C'est pourtant là qu'avec le jeune Lanfranc le monastère** connut son premier essor. C'est sous l'impulsion de cet italien réputé pour être l'homme le plus cultivé de son temps que fut créée l'école monastique et que vers 1073 la communauté s'installa un peu plus haut dans la vallée du Bec sur le site actuel. Ecole et abbatiale furent reconstruites. Le renom était tel que l'abbaye avait désormais deux filiales d'importance en Normandie occidentale : Lessay et Saint-Etienne de Caen ("l'abbaye aux hommes" dont Lanfranc fut nommé abbé avant de devenir en ces temps de conquête Archevêque de Cantorbéry). Le renom de l'établissement devait encore s'affirmer avec la venue d'un autre italien d'une haute et personnelle spiritualité (on connaît son "Fides quaerens intellectum" = la foi qui cherche à savoir) Anselme, qui succéda à Herluin comme abbé du Bec, puis fut à son tour choisi comme Primat d'Angleterre."

* NDE
** alors, monastère de Bonneville (NDE)

texte extrait de :
http://europe.hannam.ac.kr/hnukhs/I_d_F/Haute_Normandie/1-8.htm
http://www.pitt.edu/~medart/menufrance/lebmain.html

 
 
 

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