ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

-Médecine
 
 
LES POTS A PHARMACIE----
par l'illustration
( I-)-
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 vase d'apothicaire
Egypte ? Syrie ?
XIVe siècle
céramique, décor engobé peint sous glaçure.
Musée du Louvre
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LES
--------COMPOSITIONS-------
A BASE
D'ANIMAUX
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 POT A PHARMACIE

 type de pot
LIBELLÉ
date de fabrication (lieu)
nom latin (si libellé différent ou incomplet)
-----nom--français--------

 

 

 
albarello
CORNU CERVI
XVIIIe
corne de cerfs
 
"La corne râpée de couleur blanche, grise ou calcinée, servait de reminéralisant (phosphate de calcium) pour les os. Elle permettait de lutter contre le rachitisme."
http://perso.orange.fr/claude.larronde/billet-potion.html
La gelée de corne de cerf (cornus cervus), dit Moyse Charas, "peut-être appellée un aliment médicamenteux car, estant de fort bonne nourriture, elle fortifie beaucoup le coeur & l'estomac."
Pharmacopée royale galenique et chymique, 1676.
http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=1506323

On utilisera la corne du cerf à défaut de celle de la licorne...assez difficile à trouver, sans doute :
"Or est-il que toutes ces pierres [topaze et agate] se portent enchâssées dans des anneaux, on les porte pendantes au col jusques à la région du cœur, ou on les tient en bouche pour les sucer, ou bien on les mêle parmi les viandes de manière que l'on croit (quoi que ce soit vain, à mon avis) que le venin s'évanouit ou s'amortit par ce moyen là. A cette même intention on s'aide de la vraie corne, et non feinte, de cet animal, lequel à ces fins a été dit des Latins unicornis. Pline l'appelle en grec monocerota. Le commun la nomme licorne. Sa vertu n'a point été connue des anciens médecins (d'autant peut-être qu'ils ne l'avaient point expérimentée) mais les modernes et plus récents l'ont trouvée fort cordiale, même qu'on assure qu'elle résiste à tous venins indifféremment. Aux défauts de laquelle ceux qui seront plus pauvres pourront se servir de la corne de cerf, qui n'est de guère moindre à l'autre quant aux effets et propriétés"

Laurent Joubert (1529-1582), médecin montpelliérain, Traité de la peste.
extrait de : http://faidutti.free.fr/licornes/these/7Catelan/catelan.html

 

 

 
 chevrette
O. descrevisses
fin XVe
Oleum cancrorum
Oleum (huile) d'écrevisses
  
En latin, les noms des préparations médicinales à partir d'écrevisses se formaient à partir de cancer, cancri (crabe, écrevisse, mais aussi la maladie et la constellation du Cancer) : Praeparatio Oculorum Cancrorum, pulvis ou chelis cancrorum (la poudre).
Yeux d'écrevisses, Pot à thériaque, Hôtel-Dieu de Lons-le-Saunier, Jura, vers 1750.
Oculi cancri, oculi cancrorum citrat (au citron) et : Les "yeux d'écrevisses" ne désignaient pas les organes visuels mais une concrétion calcaire sécrétée par l’estomac des écrevisses pendant leur mue : c'est cette concrétion qui forgera l'appellation du remèdes à bas d'écrevisses :

"Ecrevisse de riviere, (Matiere médicale, Pharmacie & diete.) L'écrevisse est généralement regardée comme un aliment médicamenteux, ou comme un médicament alimenteux, qui purisie le sang, qui le foüette, qui le divise, qui dispose les humeurs aux excrétions, qui ranime les oscillations des vaisseaux & le ton des solides en général, en un mot, comme un remede incisif & tonique: on l'ordonne à ce titre dans les maladies de la peau ab humorum lentâ mucagine, c'est - à - dire (pour faire signifier quelque chose à ces mots qui sont de Boerhaave) dans les maladies de la peau dont le caractere n'est point inflammatoire ou du moins qui ne sont point aiguës comme le sont les phlegmons considérables, les érésypeles étendus, &c. Voyez maladies de la peau au mot Peau. On les employe encore dans les obstructions, la cachexie, la leucophlegmatie, les bouffissures, &c. On prépare dans tous ces cas des bouillons dans lesquels on fait entrer cinq ou six écrevisses; ces bouillons d'écrevisse font avec les bouillons de vipere, le pendant des bouillons de grenouille, des bouillons de tortue & du lait, & le complément des secours vraissemblablement aussi inutiles que généralement employés contre les maladies chroniques. Voyez Medicament altérant, au mot Medicament, & le mot Nourrissant.
Mais pour nous restraindre ici à l'usage des écrevisses en particulier, n'est - il pas singulier, pour ne rien dire de plus, qu'on prétende apporter un changement utile dans la constitution actuelle d'un malade, en lui faisant prendre la décoction ou bouillon de cinq ou six écrevisses, tandis qu'il n'est peut - être pas une seule personne pour qui une ou plusieurs douzaines d'écrevisses ne solent un aliment indifférent pour les secondes voies dont il s'agit seulement ici; tandis que le malade même à qui l'on prescrit ce bouillon a peut - être mangé cent fois en sa vie des écrevisses à douzaines dans le même repas sans en éprouver ni bien ni dommage, & qu'il pourroit les manger sans avantage & sans inconvénient.
Au reste ce n'est pas seulement sur cette considération toute concluante qu'elle est, qu'on peut établir l'inutilité médicinale des écrevisses; on ose avancer, & ceci est plus direct, que les bouillons d'écrevisse n'ont jamais guéri personne, quoiqu'il puisse bien être souvent arrivé que des malades ont été guéris pendant ou après l'usage des bouillons d'écrevisse; car guérir par un remede ou guérir en prenant un remede, n'est pas la même chose assûrément: le régime & l'expectation ou les droits de la nature, ont dans tous ces traitemens par le secours des altérans, une influence qu'on ne doit pas perdre de vûe. Voyez Expectation & Régime.
Quoi qu'il en soit, voici comme on s'y prend pour préparer les bouillons d'écrevisse: prenez de racines, bois, écorces, semences, herbes & fleurs prétendues atténuantes, apéritives, incisives (Voyez Incisif), celles que vous voudrez à la dose ordinaire de chacune (Voyez leurs art. particul.); faites bouillir avec suffisante quantité d'eau commune ces substances végétales, en les introduisant successivement dans l'eau selon l'art; sur la fin de l'ébullition, jettez dans votre vaisseau cinq, six ou huit écrevisses de riviere, que vous aurez auparavant écrasées dans un mortier de marbre; donnez encore quelques bouillons, passez & exprimez, & votre bouillon est fait.
Il faut observer que jamais on ne prescrit les écrevisses seules, mais toujours avec plusieurs plantes altérantes, & quelquefois avec les viperes, ce qui est une nouvelle raison pour qu'on ignore au moins l'efficacité des écrevisses en particulier, quand même ce bouillon composé auroit quelque effet réel. Voyez Composition.
Nous n'avons aucune bonne observation sur l'usage diététique des écrevisses; il m'a paru cependant qu'elles étoient d'assez facile digestion, c'est - à - dire, que le plus grand nombre d'estomacs s'en accommodoient assez. J'en ai vû manger des quantités considérables à des personnes qui n'étoient pas accoutumées à cet aliment, & je ne les ai point vûes s'en trouver mal. l'ose assûrer sur - tout que je n'ai jamais apperçû leur effet échauffant, quoique le sel & le poivre dont on releve leur goût qui est fort plat sans cet assaisonnement, soient fort propres à procurer cet effet, & qu'il fallût même le leur attribuer absolument chez les personnes qui se trouveroient échauffées par l'usage des écrevisses salées & épicées.
Quant au jus d'écrevisse qu'on fait entrer dans des bisques, des coulis &c, il ne fait qu'augmenter la quantité des parties alimenteuses de ces mets; c'est proprement de l'aliment vrai ajoûté à celui que fournissent les viandes dans l'assaisonnement desquelles on le fait entrer. Nous ne connoissons jusqu'à présent au jus d'écrevisse que sa qualité générique d'aliment. (b)
 
Ecrevisse, (yeux d') (Mat. med.) Voyez ci - dessus au mot Ecrevisse, ce qu'on appelle ainsi. Nous ne connoissons aux yeux d'écrevisse que les propriétés communes à tous les absorbans ou alkalis terreux. Voyez médicament terreux, sous le mot Terreux.
On ordonne toujours les yeux d'écrevisse préparés: leur préparation consiste à les mettre en poudre dans un mortier de fer, à les porphyriser ensuite & à les former en petits trochisques pour les garder.
On prépare avec les yeux d'écrevisse & l'esprit de vinaigre un sel & un magistere absolument analogues au sel & au magistere de corail. Voyez Corail.
Si on unit les yeux d'écrevisse au suc de citron, on a la composition comme dans les boutiques d'Allemagne sous le nom d'oculi cancrorum citrat; composition fort peu usirée en France & qui est fort analogue au sel d'yeux d'écrevisse & au sel de corail dont nous venons de parler.
On prépare des tablettes avec les yeux d'écrevisse de la maniere suivante: prenez des yeux d'écrevisse preparés, une once; de suc blanc en poudre fine, quatre onces: mêlez les avec soin en les agitant ensemble dans un mortier de marbre, & faites - en une masse avec suffisante quantité de gomme tragacanth tirée avec l'eau de fleurs d'orange: formez de cette masse des tablettes ou pastilles selon l'art.
Les yeux d'écrevisse entrent dans les compositions suivantes qui se trouvent dans la pharmacopée de Paris; la poudre è chelis cancrorum, la poudre absorbante, la poudre d'arum composée, les tablettes absorbantes & fortifiantes, la confection d'hiacynthe. (b)
 
Ecrevisse, (Mat. med.) Cancri marini maximi apicibus chelarum nigricantibus, bouts noirs des grosses pattes d'écrevisses de mer; les apices chelarum nigricantes sont ce qui a donné leur nom à une poudre absorbante & prétendue alexitere & cordiale connue dans les pharmacopées sous le nom de pulvis è chelis cancrorum dont voici la dispensation, prise de la pharmacopée de Paris. Prenez, apicum nigrorum chelarum cancrorum ou des bouts noirs des grosses pattes d'écrevisse, trois onces; d'yeux d'écrevisse de riviere préparés, de corail rouge préparé, de succin blanc préparé, de corne - de - cerf préparée philosophiquement, de chacun une once; de perles préparées, de besoard oriental en poudre, de chacun demi-once; de gelée de viperes une suffisante quantité: mêlez toutes ces drogues pour en faire une masse que vous diviserez en petites boules qu'il faut sécher avec précaution."

extrait de l''Encyclopédie de Diderot et d'Alembert.

Jean de Renou* préconise les écrevisses de rivière grillées, réduites en poudre contre les ulcères chancreux et les morsures des chiens enragés. Nicolas Lémery* conseille de les faire cuire vivantes dans l’huile de lin.
http://www.ordre.pharmacien.fr/pharmacie/pdf/objets.pdf

* RENOU : les Oeuvres pharmaceutiques du sieur Jean de Renou, conseiller et médecin du Roy à Paris à Baugé (1637-1638)
* LEMERY : Rouen 17 novembre 1645 - Paris 18 juin 1715, Pharmacopée Universelle (1697)

 
 chevrette
O. Lumbri
fin XVIIe
Oleum lumbricorum
(huile) de lombric (vers de terre)

 Il existait de nombreuses préparations à base de ver de terre (vermis, vermes, lombric : lumbricus), par exemple : Lumbrici terrestres, Lumbricorum praeparatio, Sal Volatile Lumbricorum, Spiritus Lumbricorum.
Cette préparation d'huile de lombrics figurait encore dans l'édition du Codex Pharmaceutique de Paris au XIXe siècle (Codex Medicamentarius seu Pharmacopoea Parisiensis). On la prescrivait en traitement externe contre le rachitis (rachitisme), de la goutte ou du rhumatisme. Le premier Codex Pharmaceutique date du 23 juillet 1748. Un nouveau Codex sera ordonné par le roi Louis-Philippe le 8 août 1816, qui sera publié sous le nom de Codex medicamentarius seu Pharmacopoea gallica.

Selon Mattioli, Galien la prescrit contre la jaunisse et broyés, incorporés à du miel rosat contre la goutte (Livre de la Thériaque à Pison), Pline au livre 30, ch. 8, 23 de son Histoire Naturelle indique ces vermes
terrenis à cuire dans l'huile bouillante avant de les mettre dans l’oreille opposée à la douleur... et celle-ci s’envolera ! (vermes terreni decocti in oleo infusique auriculae, cuius a parte doleant, praestant levamentum).

"Des vers de terre des plus gros et bien lavés et de l’huile commune, ana 3 livres, Du vin blanc, ½ livre. Laissez-les en macération pendant 24 heures. Après cela, cuisez-les jusqu’à consomption du vin. Exprimez ensuite l’infusion et gardez l’huile exprimée pour l’usage.
On choisira des vers de terre des plus gros. On les lavera dans de l’eau et on les mettra infuser dans l’huile et le vin pendant vingt-quatre heures. Ensuite l’on fera bouillir l’infusion à petit feu jusqu’à consomption du vin et on la coulera avec expression pour la garder au besoin.
Elle est bonne pour ramollir et pour fortifier les nerfs, pour les douleurs des jointures, pour résoudre les tumeurs, pour les dislocations, pour les foulures. On en frotte les parties malades. Les vers de terre répandent beaucoup de leur sel volatil dans cette huile. C’est ce qui lui donne beaucoup de vertu."
extrait de la Pharmacopée universelle de Nicolas Lémery (voir précédent remède)

Indications identiques chez Moyse Charas.

 
  Vase
LEECHES
XIXe
traduction anglaise de sangsues : voir LA SAIGNEE
 
A SUIVRE...
 

 
SOURCES :
 
 
- http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CPicZ.aspx?E=2C6NU0HF74EH (vase musée du Louvre)
-http://www.almaviva.com/obpots.html (corne de cerf)
- http://www.ordre.pharmacien.fr/pharmacie/pdf/objets.pdf (huile écrevisses)
- http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/memoire/0731/ivr43_91390504xa_p.jpg (yeux ecrevisses)
- http://www.shp-asso.org/albums/objets/MONTAGUT041.jpg (o. lumbri)
- http://www.medicalantiques.com/medimage/pinkleech.jpg (leeches)
 
 
 

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