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          BEATUS
          DE BURGO DE OSMA ou
 BEATO OXOMENSE, OXOMENSIS
          (Beati Liebanensis Burgi
          Oxomensis)
          
 
        
          
 Ms : Cod. 1
          A : Burgo de Osma (Soria), Cathédrale Saint-Pierre
          (San Pedro), Museo Catedralicio y Diocesano (Musée cathédral
          et diocésain).
          S : Sahagún ? San Pedro de Arlanza
          ? Real Monasterio (Monastère Royal ) de Santa María
          de Carracedo (fondé vers 990 dans la province de León)
          ?
          D : 1086
 T : 36 x 22,5
          C / 166
          NE : 71 --------------------------------------
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 Le codex, que l'on peut admirer dans la sacristie
          (dite Capilla Mayor) de la cathédrale, a été
          exécuté en l'année 1086. Petrus (Pedro :
          Pierre), le copiste, en a rédigé le texte, que
          Martinus (Martin : Martino) a enluminé. On sait que demeurait
          en 1063 des moines nommés Petrus et Fortes dans un monastère
          d'Osma (on disait "Oxima") appelé San
          Pedro de Arlanza. Ce pourrait être notre scribe, mais nous
          en sommes réduits à de simples suppositions.
          
  
          Le Beatus de Burgo de Osma mêle influences
          grecques (décors de fleurs, par ex.) préromanes
          ou carolingiennes. Il en ressort une facture très originale
          qui fait ici apparaître la filiation mozarabe, là
          le trait carolingien, ailleurs encore l'allure franchement romane
          et donc très contemporaine. Qu'on songe seulement aux
          fonds de page qui sont, pour quelques uns, classiquement à
          bandes,quand d'autres sont d'une seule couleur éclatante,
          principalement rouge, verte ou jaune, ou bien encore d'une sobriété
          qui, soudain, tranche radicalement sur le reste.Ces grandes différences
          de style indiquent peut-être différentes mains,
          dirigées alors par Martinus.
          
 
            
              |  |  folio 151 La Parole
              de Dieu, en chevalier Fidèle et Véritable, dont
              l'épée tranchante sort de la bouche pour frapper
              les Nations, au livre de l'Apocalypse 19 : 11-15
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 Ms : 11695
          A : British Library
          D : de 1090 à 1109 env.
 T : 38 x 25
          I / 274 (manque 3 feuillets)
          NE : 106
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        folios 23v (Saint
        Jean se tenant sous la porte d'Ephèse) et 24 r (Saint
        Jean reçoit la Révélation)
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 Ce Beatus a été écrit
          en minuscule wisigothique, mais une étude paléographique
          a pu montrer l'influence progressive de la minuscule caroline
          dans le royaume de Castille. C'est d'une manière littéralement
          extraordinaire que ce manuscrit présente ses créateurs.
          On n'y trouve pas moins de six colophons, qui plus est bien détaillés,
          qui ont été rédigés au cours de plus
          de vingt ans au monastère Santo Domingo (Saint Dominique)
          de Silos. On apprend ainsi que l'ouvrage fut écrit par
          Munnio (Munnius? parfois écrit Nunnio, Munnio ou
          Muño) et Dominicus (Dominico, Domingo), qui seraient apparentés.
          Ces copistes ont terminé leur ouvrage à la sixième
          heure du jour, le jeudi 18 avril 1091, en notant :
          "Le travail d'écriture fait perdre
          la vue, il voûte le dos, broie les côtes et remue
          l'estomac. Il fait souffrir les reins et cause des maux dans
          tout le corps. Par conséquent, vous lecteur, tournez les
          pages soigneusement et gardez-vous de poser vos doigts sur les
          lettres car, comme la grêle détruit les champs,
          le lecteur négligeant efface le texte et détruit
          le livre." Ces propos n'ont rien d'original, nous avons
          déjà entendu pareille lamentation quasiment mot
          à mot, mais cela n'enlève rien à leur réalité.
             
 Munnio entreprit d'enluminer le manuscrit
          mais ne put le terminer, stoppé par la maladie ou par
          la mort. En tout cas, à la mort de l'abbé Fortunio
          en 1100, on sait que peu de miiatures avaient été
          exécutées. On laissa ce projet dormir quelques
          années, qui n'ont pas dû être fastes pour
          l'abbaye, et ce fut Pedro (Petrus) qui le reprit, alors
          prieur du monastère, qui le termina le 1er juillet 1109
          et le remit à l'abbé Juan (Jean).
          Une page vierge du manuscrit
          fut utilisée en 1159 pour copier un document officiel
          de l'abbaye sur la division entre les menses abbatiale et conventuelle,
          effectuée un an plus tôt. Notez aussi qu'au XIVe
          siècle, un lecteur souligna dans le livre des passages
          qui l'avaient particulièrement frappé. On ne sait
          pourquoi, à une date indéterminée, on ajouta
          au manuscrit des feuillets supplémentaires, les uns provenant
          d'un antiphonaire, un autre illustrant le thème de l'Enfer.
 
 Malgré son âge et ses voyages,
          le manuscrit nous est parvenu en excellent état (mais
          3 feuillets font défaut). On ne sait pas quand il sortit
          du monastère de Silos, mais on le sait au Collège
          de San Bartolomé de Salamanca (Salamanque) au XVIIIe siècle,
          arrivé peut-être là dans les bagages du Cardinal
          Antonio de Aragón (+ 1650), bras de l'Inquisition espagnole.
          En 1809, c'est Joseph Bonaparte (Corte, 1768 - Florence, 1844),
          frère aîné de Napoléon, qui devint
          roi d'Espagne et, comme bon nombre d'établissements religieux,
          le collège Saint Bartholomée ferma ses portes et
          le Beatus de Silos rejoignit les collections de la Bibliothèque
          Royale à Madrid. Le British Museum acheta enfin le manuscrit
          le 9 mai 1840 au comte de Survilliers (Oise)....qui n'est autre
          que le nom d'emprunt de l'exilé Joseph en France, qui
          avait emporté avec lui ce magnifique cadeau d'adieu, quittant
          définitivement l'Espagne en 1813, suite à la défaite
          de Vitoria.
          
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