ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
 
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ABEILLE


Exaerete smaragdina (Guérin-Méneville, 1845)

Guyane Française

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INTRODUCTION

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PREHISTOIRE, PHYLOGENETIQUE
 

 
Règne : Animal (Animalia)
Embranchement : Arthropodes (Arthropoda)
Super-Classe : Hexapodes (Hexapoda)
Classe : Insectes (Insecta)
Sous-classe : Endopterygotes ou Holométaboles, (Endopterygota)
Super-ordre : Hymenoptéroïdes (Hymenopteroïde)
Ordre : Hymenoptères (Hymenoptera)
Sous-ordre : Apocrites (Apocrita)
Infra-ordre : Aculéates (Aculeata)
Super-famille : Apoïdes (Apoidea)
6 à 9 familles, selon les spécialistes
130 genres environ
16.000 espèces connues environ - 20. 000/ 25.000 espèces estimées

 

La classe des insectes est un embranchement des arthropodes, qui se caractérisent tous par des téguments chitineux, qui divisent le corps en segments articulés, tels les crustacés, myriapodes ou arachnides. L'anatomie des abeilles est commune, pour une grande part, à celle de tous les insectes : ainsi en est-il du système respiratoire, du système circulatoire ou du système nerveux (voir ANATOMIE - MENU).

L'abeille appartient à la super-famille des Apoidea (Apoïdés, Apoïdes ou Apiaires). Les Apoïdea sont une super-famille de l'ordre des hyménoptères* (environ 100.000 espèces), à laquelle appartiennent toutes les espèces d'abeilles et elle est répartie de six à neuf familles selon les spécialistes, voir taxonomie et répartis en 130 genres et près de 16000 à 25000 espèces .

* ou Hymenoptera : du grec hymenos (membrane, Hymen est le dieu des mariages) et pterôn (aile), parce que les ailes antérieures et postérieures s'unissent pendant le vol).

 

 HYMENOPTERES

"Les hyménoptères se divisent en deux sous-ordres: les Symphyta (par exemple, les mouches à scie) et les Apocrita (par exemple, les ichneumons, les guêpes, les fourmis et les abeilles). Les symphytes ne possèdent pas de « taille », c'est-à-dire que l’abdomen est largement uni au thorax alors que les Apocrites (de apocritos qui signifie séparé) sont caractérisés par une « taille » très étroite. En effet, le premier segment abdominal, le propodéum, est fusionné au thorax et séparé du reste de l’abdomen par un étranglement, d'où l'expression « taille de guêpe ». Cette taille donne une grande flexibilité aux mouvements de l'abdomen permettant, par exemple, à une abeille femelle de pondre un oeuf au fond d'une alvéole. Les Apocrites sont divisés en deux sous-groupes: les térébrants (Parasitica) et les aculéates (aculeata). Les térébrants (les chalcides, les ichneumons, etc.) sont presque tous des insectes parasites. Les femelles sont munies d'un ovipositeur qui sert à déposer ou à introduire les oeufs dans les tissus de l’hôte. Les aculéates (les guêpes, les fourmis, les abeilles, etc.) possèdent un ovipositeur généralement modifié en un aiguillon situé à l'extrémité de l'abdomen qu'elles utilisent pour se défendre ou protéger leur nid. Le sous-groupe des Aculéates est aussi divisé en plusieurs super-familles dont celle des Apoidea. Les apoïdes regroupent toutes les abeilles, qu'elles soient sociales, solitaires ou parasites. La majorité des abeilles sont indigènes alors que peu d'espèces ont été introduites ou domestiquées. Les apoïdes présentent des caractères apparentés aux guêpes Sphécoïdes. Toutefois, les apoïdes diffèrent de ces dernières par leurs pattes postérieures généralement pourvues de longs poils ramifiés. Comme les abeilles, les guêpes adultes butinent les fleurs pour le nectar. La principale différence entre ces deux groupes réside cependant dans le fait que les abeilles utilisent le pollen comme source principale de protéines et alimentent leurs larves de la même façon: elles sont dites végétariennes. Au contraire, chez les guêpes, les larves sont plutôt carnassières car les insectes et les araignées sont leur principale source de nourriture."

extrait de :
http://www2.ville.montreal.qc.ca/insectarium/toile/info_insectes/articles/art_apoide.htm


Parmi les hyménoptères, les abeilles se caractérisent, nous venons de le voir, par leur nourriture végétale. En effet, les larves, puis les imagos* d’Apoidea ont une alimentation exclusivement végétarienne (palyno-mellophage) alors que les larves de Sphecidae sont carnivores, à l'exception du genre Krombeinictus Leclercq.

* IMAGO (du latin imago, image, portrait de ses parents : stade adulte (Lat. adultus, parvenu au terme de sa croissance) de l'insecte. Les abeilles passent par quatre stades de mutation : oeuf, larve, nymphe (ou pupe) et imago (adulte).
 
"La plupart des apidologues contemporains s'accordent à dire que les premières abeilles sont apparues au plus tôt à la mi-Crétacée, c'est-à dire il y a environ 110 millions d'années (MA), dans l'intérieur xérique* du paléocontinent Gondwana (Engel, 2001, Michener, 1979 ; Roubik, 1989), super-continent formé par les
actuels continents africain, australien et sud-américain."

extrait de : http://zoologie.umh.ac.be/hymenoptera/theses/Michez_2002_DEA.pdf

* XERIQUE : Se dit d'un milieu où règne une aridité permanente et une végétation adaptée à cette sécheresse.

 
Les abeilles qui occupent aujourd'hui les régions arides ou semi-arides du monde (Bassin méditerranéen, Asie centrale, déserts du sud-ouest de l'Amérique du Nord, régions arides du Chili et de l'Argentine, régions tempérées de l'Australie, et de l'Afrique australe (Michener 1979 ; Linsley 1958)) se sont grandement diversifiées dans le temps. Cette dispersion des abeilles après la fragmentation de Gondwana n'est pas encore connue avec certitude. Les principales familles sont probablement originaires des régions méridionales du globe : Colletidae (Colletidés, Colletides : Australie, S. Amérique, Afrique), Stenotritidae (Stenotritidés, Stenotritides : Australie), Andrenidae (Andrénidés, Andrénides : Amérique du Sud), Halictidae (Halictidés, Halictides : l'Amérique du Sud et l'Afrique), et Melittidae (Mellitidés, Mellitides : Afrique).

tableau phylogénétique (ou cladistique) des familles d'abeilles (Michael S. Engel, 2001)

Chronogramme des différentes familles d'abeilles à partir des plus anciens fossiles (Danforth et al. 2006b)

"La séparation en différentes familles s’est probablement faite rapidement. Les familles actuelles les plus apomorphes étaient déjà représentées dans la faune du paléocène (-65 MA) conservées dans l’ambre* de la Baltique (ENGEL, 2001) [(-100 MA pour le plus vieux fossile à ce jour, voir plus bas). Par ailleurs, la faune de l’ambre de la Dominique (Eocène, -37 MA) montre visiblement de faibles différences avec la faune d’Apoidea contemporain."

extrait de : http://rangevoting.org/Engel192bees.pdf

* AMBRE : il s'agit ici de l'ambre jaune, résine fossile produite par un conifère (Pinus succinifer ?) à l'aube de la période tertiaire (- 40 MA), qu'on ne doit pas confondre avec l'ambre gris, concrétions intestinales de cétacés comme le cachalot.

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  Le plus vieux fossile d'abeille au 26/10/06, env. 100 MA, découvert par les chercheurs de l'Oregon State University (OSU). George Poinar, professeur de zoologie à l'OSU a identifié cette Melittosphex burmensis, longue de 2,95 mm, trouvée prisonnière de l'ambre dans la vallée de Hukawngau Myanmar (Nord

 Fossile d'abeille du genre éteint Electrapis, trouvé près de la mer Baltique.

Eocène supérieur
- 65 MA
 

Les ancêtres directs des Apoidea sont probablement des Sphecidae (Alexander, 1992), des guêpes fouisseuses. Ils s’en sont écartés par un changement de régime alimentaire. [nous en reparlerons plus loin]. L'apparition de ces premières abeilles a coïncidé très probablement avec celle des angiospermes (Raven et Axelrod 1974), les plantes à fleurs, abeille et fleur ayant toutes deux, nous le verrons, un besoin vital de l'autre pour vivre.

En remontant l'arbre phylogénétique (ou cladistique) animal, cet ordre d'hyménoptères appartient au super-ordre des hyménoptéroïdes, l'une des douze autres, environ, faisant partie de la classe des insectes (1 million d'espèces environ) qui comporte la moitié de toutes les espèces animales existant sur terre. La taxonomie moderne des Hyménoptères aculéates propose d’ailleurs d’inclure les Apoidea au sens strict dans une groupe paraphylétique plus large, incluant l’ensemble des autres Sphecidae dont il constituerait un groupe monophylétique apomorphe (ALEXANDER, 1992).

On aura donc compris que les abeilles existaient bien avant les hommes et la question qui en découle est celle de savoir quand les abeilles et les hommes ont commencé à se côtoyer. Nous le verrons dans le chapitre LES ABEILLES ET LES HOMMES, qui sera consacré à cette longue histoire entre les cultures humaines et les abeilles.

Qu'elles soient solitaires (voir introduction aux abeilles solitaires) ou sociales (voir introduction aux Apidés), les abeilles ont en commun de se nourrir exclusivement de pollen et de nectar (en proportions variées), et presque toutes fabriquent du miel, mais il existe parmi elles des espèces qui ne récoltent pas le pollen qu'elles mangent ou qui ne fabriquent pas de miel, par exemple les cleptoparasites (voir abeilles solitaires).

En plus de l'alimentation, les abeilles se distinguent de leurs proches cousines par leur morphologie particulière, adaptée non seulement au mode de nourriture mais à leur vie sociale, ce qui leur permet d’être les insectes pollinisateurs probablement les plus efficaces, grâce à leurs pièces buccales (de type broyeur-lécheur*), leurs poils ramifiés, leurs appareils de récolte, etc... Là encore, certaines espèces font exception à la règle, ce sont les cleptoparasites (voir : abeilles solitaires).

broyeur-lécheur : Les deuxième et troisième pièces buccales, c’est-à-dire le premier maxillaire et le deuxième maxillaire (labium) s’allongent et peuvent sucer (abeille, guêpe, fourmis..).
 

LES APOIDEA
 

On compte entre six et neuf familles d'Apoïdes (Apoïdés), mais ce nombre varie selon les entomologistes : voir taxonomie.
 
En général, les spécialistes s'entendent pour répartir à ce jour les familles en sept familles distinctes, cinq dites à langue courte et deux à langues longues. Les familles Colletidae, Stenotritidae, Andrenidae, Halictidae et Melittidae sont souvent appelées les "abeilles à langue courte", car la majorité possède une glosse courte et large tandis que les abeilles des familles Megachilidae et Apidae sont souvent pourvues d'une glosse bien développée, pointue et souvent très longue. Le premier groupe est le plus primitif, à la base du clade des abeilles et le moins évolué socialement, alors qu'on trouve, dans le second, toutes les abeilles d'un niveau social élevé (voir aussi sur ce sujet Identification des Melittidae).
 
 
LES SEPT FAMILLES D'ABEILLES
 
(nombre approximatif d'espèces connues) :

Colletidae
-------: ---2 000 (100 en Europe)
Andrenidae
-----: ---2 330 (200 en Europe)
Halictidae ---- --: ---3 500 (160 en Europe)
Mégachilidae
-- : ---3170 (230 en Europe)
Apidae -----------: ---5130 (70 en Europe)
Melittidae--------: ---167 (42 en Europe)
Stenotritidae ----: ---21 espèces australiennes

 
 
Les Apoïdes ont un rôle essentiel dans les écosystèmes, où ils prennent part, nous le verrons, de manière importante à la pollinisation de nombreuses plantes, dont la plupart ne pourraient assurer leur cycle de développement sans l'action butineuse des abeilles. Comme tous les autres animaux qui visitent ou habitent les fleurs, l' abeille est une Anthophile, du grec anthos, fleur et phile, qui aime (on dit parfois floricoles, comme synonyme de la forme adjectivée). La majorité des abeilles butineuses de pollen possèdent différents dispositifs adaptés à la récolte et au transport du pollen. Il s'agit essentiellement de poils de récolte sur les pattes postérieures, de brosse abdominale ou de corbeille à pollen, mais aussi de la longueur des pièces buccales, en particulier des glosses (du grec glôssa : langue).

Mais les familles Apoidés se distinguent entre elles sur bien d'autres points, et la distinction entre les abeilles est complexe pour le non initié, car il touche, nous le verrons famille après famille, à leurs subtiles particularités morphologiques. Bien des parties du corps sont différentes entre les espèces. Les unes ont des pattes courtes, d'autres longues, les appendices ont tant d'articles chez les unes, tant chez les autres, les ailes possèdent ou non telle cellule ou telle nervure, de telle ou telle forme, etc... sans compter les différences entre reines, ouvrières ou mâles au sein de la même espèce d'abeilles hautement socialisées. Dans certains cas, le microscope est nécessaire à l'identification d'une espèce, et parfois, ce dernier ne permet même pas au spécialiste, l'apidologue, de trancher !

A cause de tout ce qui précède et à l'instar des autres espèces vivantes, quiconque veut identifier correctement l'identité d'une abeille doit aller du général au particulier dans son examen morphologique de l'animal, en se servant de ce qu'on appelle une clé de détermination :

"Les clés de détermination permettent d'identifier avec précision les espèces. Ceci suppose la reconnaissance préalable des caractères sélectifs propres à l'embranchement, la classe, l'ordre, la famille, le genre, avant de parvenir à l'espèce.
 
Les clés de détermination offrent une succession dichotomique d'alternatives touchant certains caractères discriminants. Le choix porte sur une ou deux modalités. Les clés permettent de cerner progressivement l'identité de l'échantillon en respectant la hiérarchie systématique.
 
Lorsqu'un nom est attribué à l'échantillon, il est prudent d'en vérifier la détermination en comparant l'exemplaire à un modèle déposé dans une collection de référence, une illustration ou une description précise de l'espèce.
 
Il existe des clés de détermination pour les différents groupes zoologiques et à chaque niveau taxonomique : clés des ordres, des familles, des genres, des espèces."

extrait de : http://locust.cirad.fr/tout_savoir/taxonomie/taxons_4.html
 

 
sources images :

- http://pick5.pick.uga.edu/mp/20p?res=640&see=I_DWR182 (photo exaerete smaragdina)
- http://www.entomology.cornell.edu/BeePhylogeny/biogeography.html (préhistoire)
- http://www.dinosoria.com/abeilles.htm (fossile Baltique)
- http://rangevoting.org/Engel192bees.pdf (tableau phyllogénétique)


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