ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABBAYE
  ---Abbaye de Fleury
   
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Eléments de biographie :
Oswald Dunstan
et
Ethelwold


 OSWALD

(? - 992 )

fête le 29 février

DUNSTAN

( 925- 988 )

ETHELWOLD

( 908- 984)

 

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Bénédictionnaire de saint Ethelwold », peint vers 980 par Godeman, le chapelain d'Ethelwold.Vélin, 29,5 x 22 cm. British Library, Londres.

A gauche : "L’Annonciation" (folio 5v)
A droite : L'adoration des mages" (folio 24v)

 

 

 
OSWALD, saint archevêque d'York, mort le 29 février 992. Les libéralités de son oncle, l'archevêque Odon de Canterbury, lui permirent d'acquérir le monastère de Winchester qu'il gouverna. Trouvant cette vie trop facile, il fut envoyé par Odon à l'abbaye de Fleury-sur-Loire pour s'y soumettre à la règle de Saint-Benoît renouvelée par les clunistes. I1 y fut ordonné diacre et prêtre. En 959, son oncle malade le rappela, mais mourut avant son retour. Oswald se rendit auprès d'un autre de ses parents, l'archevèque Oskytel de York, qui lui conseilla d'aller à Borne. En revenant, il s'arrêta à Fleury, mais Oskytel le manda auprès de lui pour l'aider à réformer 1'église. Dunstan trouva en lui un précieux auxiliaire et le fit élever à l'évêché de Worcester, en 961. Oswald travailla à remplacer partout les prêtres mariés et surtout les chanoines par des moines; mais il évitait les violences que ne redoutait pas le roi Edgar, duquel il avait obtenu, en vue de ces réformes, la loi dite d'Oswald. Il fit pénétrer ses réformes jusqu'en Estanglie, où il fonda un monastère sur l'île de Ramsey (Huntingdonshire). Même quand il eut été nommé archevêque de York, en 972, il continua de résider habituellement àWorcester, qui resta comme le foyer de son influence. Dans les monastères qu'il fondait, il développait le goût des études; il augmenta la pompe du culte et prônait les reliques. Avec Dunstan, il réalisa le triomphe du monachisme au moment de l'apogée de la royauté saxonne. Aucun de ses écrits n'a été conservé.


DUNSTAN (Saint), prélat et homme d'Etat, anglo-saxon, né à Glastonbury en 925, mort à Canterbury le 19 mai 988. De noble lignée, Dunstan fut élevé et instruit par les moines irlandais du couvent de Glastonbury et passa ensuite à la cour royale. Là, ses connaissances et son habileté le firent accuser de sorcellerie. Il se réfugia chez son oncle Elfheah, évéque de Winchester; celui-ci finit par lui persuader, non sans difficulté, de se faire moine. Quelques années plus tard, le roi Edmond (940-946) entendit parler de la science et de la piété de Dunstan; il l'appela auprès de lui; mais le caractère altier et dominateur du moine lui créa de nouveau des ennemis qui l'obligèrent à fuir. Peu après, il obtint pourtant du roi l'abbaye de Glastonbury. Depuis lors, l'influence et l'autorité de Dunstan grandirent sans cesse malgré l'opposition de ses adversaires. Pendant plus de trente ans, l'histoire du royaume anglo-saxon coïncide à peu près avec celle de Dunstan. Il dirigea entièrement les affaires sous trois règnes. La plupart des actes publics les plus importants de cette époque portent la signature'de ce moine. Sous Edred (946-955), Dunstan obtint l'administration du trésor royal. L'avènement d'Edwy (955-959) fut marqué par une scène caractéristique pour la hardiesse et le courage de Dunstan. Il arracha le roi aux bras de son épouse, illégitime suivant les canons ecclésiastiques, mais nullement suivant les coutumes nationales. L'irritation fut telle que Dunstan dut quitter le pays et se réfugier à Gand. Presque aussitôt l'anarchie éclata dans le royaume. La Northumbrie et la Mercie se détachèrent d'Edwy et se donnèrent pour roi Edgar, le frère d'Edwy (957). Dunstan, rappelé, exerça le pouvoir au nom de ce roi, âgé seulement de quatorze ans. Quand Edwy mourut, en 959, Edgar devint seul roi; Dunstan, déjà évêque de Worcester et de Londres (958), fut promu à l'archevêché de Canterbury (959), qu'il occupa pendant trente ans. Durant tout le règne d'Edgar (959-975), l'influence de Dunstan fut incontestée. Son action fut double. Elle s'exerça d'abord sur l'Eglise; il la réforma en régularisant le clergé et en s'efforçant de soumettre les moines à la règle de Saint-Benoît. On lui a reproché d'avoir romanisé l'Eglise et de n'avoir pas reculé devant la violence pour atteindre ses fins; mais il est évident qu'il ne pouvait même pas penser à remonter la pente où s'était engagé le synode de Strenaeshalch, en 664, et qu'au Xe siècle il était difficile de rien réformer sans violence. Par le clergé régénéré, Dunstan propagea la civilisation dans le pays et provoqua, après Alfred le Grand, comme une seconde renaissance, trop éphémère malheureusement à cause des invasions danoises qui survinrent. Ainsi l'action de Dunstan s'étendit aux affaires politiques du royaume ; grâce à lui, un peu de justice et d'ordre pénétra dans la société barbare de 'ses contemporains. L'avènement d'Edouard (975-978) faillit être le signal de nouveaux troubles. Dunstan convoqua une assemblée des grands (witan) à Calne (Wiltshire), en 977 : pendant une allocution de Dunstan, la partie du plancher qui portait les adversaires de l'archevêque s'effondra et la plupart d'entre eux périrent; on y vit alors un jugement de Dieu; aujourd'hui, on pense que la main de Dunstan, experte dans les arts mécaniques, n'a pas été étrangère à l'accident. D'ailleurs, Edouard fut assassiné en 978; son frère, Ethelred, surnommé plus tard l'Irrésolu, lui succéda. Dunstan garda en main pendant dix ans encore les rênes du gouvernement. Après sa mort, quand les Danois s'avancèrent jusqu'à Malden, on constata bientôt que l'intelligence claire, la ferme volonté, l'action rapide de Dunstan faisaient défaut.


ETHELWOLD, saint (ou Æthelwold, Æthelweald ou Ethelwald, 908 - 1er août 984)
Après son passage la cour du Roi Athelstan, Ethelwold est placé sous celle d'Elphege le Chauve, l'Évêque de Winchester, qui lui a donné la tonsure et l'a consacré prêtre, ainsi que Dunstan. À Glastonbury, où il était le prieur sous la direction de Dunstan, il était un miroir de perfection. En 955 il est devenu l'abbé d'Abingdon, et le 29 novembre 963, a été consacré évêque de Winchester, à la demande du roi Edgar et toujours par Dunstan. Avec l'aide de ce dernier et d'Oswald de Worcester, il a travaillé ardemment à combattre la corruption générale occasionnée par les incursions Danoises. À Winchester, il fonda divers monastères et remplaça le clergé séculier de sa cathédrale par des moines. À Winchester même, où il naquit, il fonda deux abbayes, l’une de moines, l’autre de religieuses, et releva divers établissements religieux détruits par les «païens». Ses travaux se sont étendus à Chertsey, Milton (Dorsetshire), Ely, Peterborough et Thorney; Les épithètes "le père de moines" et "l'évêque bienveillant" résument le caractère d'Ethelwold comme réformateur et ami du Christ pauvre. Quoiqu'il ait souffert beaucoup de maladies, sa vie de savant*, d'enseignant, de prélat et de conseiller royal n'était jamais austère.

Il mourut à Beddington et a été enterré dans la cathédrale Winchester, son corps étant translaté plus tard par Elphege, son successeur, à Abingdon, qui en monastère au douzième siècle avaient les reliques d'Ethelwold. On dit qu'il a écrit un traité sur le cercle et ont traduit le "Regularis Concordia". Sa fête a lieu le 1 août.

Il ne doit pas être confondu avec les deux saints Ethelwold, tous deux moines de Ripon, tous deux reclus à Lindisfarne, le premier mort environ en 720, fêté lui, le 23 mars et le second, plus célèbre, qui fut abbé de Melrose et évêque de Lindisfarne, mort en 740 et fêté le 12 février : voir aussi L'évangéliaire de Lindisfarne

* Toute une prose, rédigée en dialecte west-saxon, est devenue à la fin du Xe siècle une sorte de langue littéraire modèle, initiée par Ethelwold et son entourage savant. On citera entre autres textes : Blickling Homilies, sermons du Recueil de Verceil et la Vie de saint Guthlac. Presque toute cette prose dérive de sources latines, mais elle manifeste de l’originalité dans le vocabulaire, la syntaxe et la mise en perspective.


Les drames liturgiques à l'origine du théâtre

Le plus ancien drame liturgique qui nous ait été conservé appartient au rituel de Pâques, et nous a été conservé par le bénédictin anglais saint Ethelwold en sa Regularis Concordia, écrite entre 965 et 975 et qui est, selon ses propres déclarations, emprunté "au bon usage" de Fleury-sur-Loire.

Le texte suivant, de Michel Rousse, est extrait du site : http://www.er.uqam.ca/listes/arc/queatre/1998-02/msg00016.html :


"(...) Voulant donner plus de rigueur et une plus grande uniformite aux cérémonies du culte dans les monastères de son ressort, il écrit un ouvrage intitule Regularis Concordia Anglicae nationis monachorum sanctimonaliumque. Il y inscrit en particulier des indications pour le déroulement des ceremonies de la Semaine Sainte. Les suggestions qu'il propose se fondent sur ce qu'il a vu faire dans les monastères de Fleury-sur-Loire (aujourd'hui Saint-Benoit-sur-Loire) et de Gand. Nous possédons ainsi la description de ce qui est sans doute le plus ancien drame liturgique que nous connaissions, puisqu'Ethelwold écrivait entre 965 et 975.
La matière que ces cérémonies mettent en oeuvre provient d’un épisode des Evangiles : les "saintes femmes", venues avec des onguents pour ensevelir le Christ, trouvent le tombeau vide ; un ange assis sur la pierre de l'entrée leur annonce la resurrection du Sauveur. Dans la nuit de Pâques, l'office des Mâtines commémore l'événement. Cette commémoration qui se fit d'abord sous la forme d'un trope reproduisant le dialogue de l'ange et des saintes femmes, le "Quem quaeritis", prit des dimensions véritablement théâtrales. (...)"

Sources :


- http://www.uhb.fr/alc/medieval/liturg/paques.htm (drame liturgique)
- Encyclopédie Universalis
- http://rubens.anu.edu.au/htdocs/bytype/manuscripts/survey/00001.html (images)
- http://rubens.anu.edu.au/htdocs/bytype/manuscripts/survey/00002.html (images)