ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
 

-ABBAYE
-LE - BEATUS -DE -LIEBANA
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--L'ART DES BEATUS

Les manuscrits- ( V )
 

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    NOM
    DU MANUSCRIT

    Ms = numéro du manuscrit au catalogue
    A = lieu de conservation
    S : scriptorium concerné
    D = date de création
    T = taille en cm
    C/300 = complet/ nombre de folios conservés
    I/03 = Incomplet/ nombre de folios conservés
    SM = sans miniatures
    NE = nombre d'enluminures

 

 

 

 COMMENTAIRES


    BEATUS (DE MONTSERRAT ? )

A : Monastère de Sainte-Marie (Santa María ) de Montserrat
Ms : 793-VIII
S : Sahagún ( León)
D : XIe s.
F / ?

 

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     BEATUS (DE SAHAGUN ?)

    A : Valladolid, Real Cancillería (Chancellerie Royale)
    S : Sahagún
    D : XIe s.
    F / ?

 
     

    BEATUS DE BURGO DE OSMA ou
    BEATO OXOMENSE, OXOMENSIS
    (Beati Liebanensis Burgi Oxomensis)


Ms : Cod. 1
A : Burgo de Osma (Soria), Cathédrale Saint-Pierre (San Pedro), Museo Catedralicio y Diocesano (Musée cathédral et diocésain).
S : Sahagún ? San Pedro de Arlanza ? Real Monasterio (Monastère Royal ) de Santa María de Carracedo (fondé vers 990 dans la province de León) ?

D : 1086
T : 36 x 22,5
C / 166
NE : 71 --------------------------------------
     

    Le codex, que l'on peut admirer dans la sacristie (dite Capilla Mayor) de la cathédrale, a été exécuté en l'année 1086. Petrus (Pedro : Pierre), le copiste, en a rédigé le texte, que Martinus (Martin : Martino) a enluminé. On sait que demeurait en 1063 des moines nommés Petrus et Fortes dans un monastère d'Osma (on disait "Oxima") appelé San Pedro de Arlanza. Ce pourrait être notre scribe, mais nous en sommes réduits à de simples suppositions.

     
    Le Beatus de Burgo de Osma mêle influences grecques (décors de fleurs, par ex.) préromanes ou carolingiennes. Il en ressort une facture très originale qui fait ici apparaître la filiation mozarabe, là le trait carolingien, ailleurs encore l'allure franchement romane et donc très contemporaine. Qu'on songe seulement aux fonds de page qui sont, pour quelques uns, classiquement à bandes,quand d'autres sont d'une seule couleur éclatante, principalement rouge, verte ou jaune, ou bien encore d'une sobriété qui, soudain, tranche radicalement sur le reste.Ces grandes différences de style indiquent peut-être différentes mains, dirigées alors par Martinus.

     

     folio 151


    La Parole de Dieu, en chevalier Fidèle et Véritable, dont l'épée tranchante sort de la bouche pour frapper les Nations, au livre de l'Apocalypse 19 : 11-15

       
     

    BEATUS DE SILOS


Ms : 11695
A : British Library

D : de 1090 à 1109 env.
T : 38 x 25
I / 274 (manque 3 feuillets)
NE : 106

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folios 23v (Saint Jean se tenant sous la porte d'Ephèse) et 24 r (Saint Jean reçoit la Révélation)
     

    Ce Beatus a été écrit en minuscule wisigothique, mais une étude paléographique a pu montrer l'influence progressive de la minuscule caroline dans le royaume de Castille. C'est d'une manière littéralement extraordinaire que ce manuscrit présente ses créateurs. On n'y trouve pas moins de six colophons, qui plus est bien détaillés, qui ont été rédigés au cours de plus de vingt ans au monastère Santo Domingo (Saint Dominique) de Silos. On apprend ainsi que l'ouvrage fut écrit par Munnio (Munnius? parfois écrit Nunnio, Munnio ou Muño) et Dominicus (Dominico, Domingo), qui seraient apparentés. Ces copistes ont terminé leur ouvrage à la sixième heure du jour, le jeudi 18 avril 1091, en notant :
    "Le travail d'écriture fait perdre la vue, il voûte le dos, broie les côtes et remue l'estomac. Il fait souffrir les reins et cause des maux dans tout le corps. Par conséquent, vous lecteur, tournez les pages soigneusement et gardez-vous de poser vos doigts sur les lettres car, comme la grêle détruit les champs, le lecteur négligeant efface le texte et détruit le livre." Ces propos n'ont rien d'original, nous avons déjà entendu pareille lamentation quasiment mot à mot, mais cela n'enlève rien à leur réalité.
       
    Munnio entreprit d'enluminer le manuscrit mais ne put le terminer, stoppé par la maladie ou par la mort. En tout cas, à la mort de l'abbé Fortunio en 1100, on sait que peu de miiatures avaient été exécutées. On laissa ce projet dormir quelques années, qui n'ont pas dû être fastes pour l'abbaye, et ce fut Pedro (Petrus) qui le reprit, alors prieur du monastère, qui le termina le 1er juillet 1109 et le remit à l'abbé Juan (Jean).

    Une page vierge du manuscrit fut utilisée en 1159 pour copier un document officiel de l'abbaye sur la division entre les menses abbatiale et conventuelle, effectuée un an plus tôt. Notez aussi qu'au XIVe siècle, un lecteur souligna dans le livre des passages qui l'avaient particulièrement frappé. On ne sait pourquoi, à une date indéterminée, on ajouta au manuscrit des feuillets supplémentaires, les uns provenant d'un antiphonaire, un autre illustrant le thème de l'Enfer.

    Malgré son âge et ses voyages, le manuscrit nous est parvenu en excellent état (mais 3 feuillets font défaut). On ne sait pas quand il sortit du monastère de Silos, mais on le sait au Collège de San Bartolomé de Salamanca (Salamanque) au XVIIIe siècle, arrivé peut-être là dans les bagages du Cardinal Antonio de Aragón (+ 1650), bras de l'Inquisition espagnole. En 1809, c'est Joseph Bonaparte (Corte, 1768 - Florence, 1844), frère aîné de Napoléon, qui devint roi d'Espagne et, comme bon nombre d'établissements religieux, le collège Saint Bartholomée ferma ses portes et le Beatus de Silos rejoignit les collections de la Bibliothèque Royale à Madrid. Le British Museum acheta enfin le manuscrit le 9 mai 1840 au comte de Survilliers (Oise)....qui n'est autre que le nom d'emprunt de l'exilé Joseph en France, qui avait emporté avec lui ce magnifique cadeau d'adieu, quittant définitivement l'Espagne en 1813, suite à la défaite de Vitoria.


         
 

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