ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
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ABEILLE

APIDAE
Sous-famille APINAE-

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Les abeilles hautement sociales
 
LA TRIBU DES MELIPONINI
( 2 )

LES MÉLIPONES ou abeilles dans dard

Tetragonisca angustula, entrée tubulaire d'une ruche


 

 ESSAIMAGE, NIDIFICATION  --
 

introduction

 
 
L'essaimage particulier des Mélipones a été découvert par Nogueira-Neto en 1946, puis étudié par Michener (1946), Kerr (1949), Krause et Kerr (1950). Les abeilles éclaireuses (scout bees) trouvent plusieurs lieux de nidification possibles et les abeilles choisissent l'un d'entre eux. Un groupe d'abeilles (entre 30 et 100) commence à préparer la cavité. Ce groupe augmentera graduellement en nombre durant 10 à 30 jours et fait des allers-retours entre la nouvelle demeure et l'ancienne, car la colonie-mère fournira pendant cette élaboration à la fois des aliments et des matériaux à la colonie-fille, à l'exception des cellules du couvain, systématiquement détruites et rebâties juste avant la ponte. Cette dépendance peut durer six mois dans certains cas. Cette construction se passe avant l'arrivée d'une ou de plusieurs reines, et avant même l'unique fécondation de leur vie, qui aura lieu pendant le vol de la reine jusqu'au nid, ou plus souvent, comme chez les Trigonini, aux alentours du nid lui-même, où l'attendent un viril comité d'accueil (Nogueira-Neto, 1950; Nogueira-Neto, 1970) de plusieurs centaines de mâles.

La vie intense du nid des Mélipones est un élément important pour ces abeilles, mais aussi pour le biotope où elles s'inscrivent (Roubik, 1989; Hansell, 1993). Les espèces de Mélipones, au sein de la tribu, montrent des différences très importantes tant au niveau de la taille, des sites de nidification que de l'architecture du nid lui-même tant extérieure qu'intérieure (Michener, 1974; Sakagami, 1982). On peut cependant regrouper les nids en trois types : internes, semi-externes ou externes.

 
Le nid

 

Les Mélipones exploitent tous types de cavités pour construire leur nid, la majorité se trouvant à l'intérieur de troncs d'arbres vivants (Melipona, Scaptotrigona, Plebeya, etc., images 3 à 5, 7) ou morts (Frieseomelitta image 3, Friesella schrottkyi, les autres pouvant se trouver partiellement ou entièrement sous terre (on les dit hypogés : Geotrigona, Paratrigona, Schwarziana quadripunctata, Melipona quinquefasciata, images 3 et 6) ou au-dessus du sol (on les dits épigés) : en l'air, accrochés à une branche (jusqu'à 12 mètres avec Trigona amazonensis), mais aussi dans des murs (certaines Partamona, image 2), des pierres tombales (Nates Para, 1990), des nids abandonnés de Cérambicides (Coléoptères), de nids actifs de termites Nasutitermes (ou autres, image 2) ou de fourmis (on parle alors de myrmécophilie) comme Monacis bispinosa (Parra 1990) ou nids appelés tacurúes, de la fourmi argentine Camponotus punctulatus (Partamona, Scaura latitarsis). Exceptionnellement, la mélipone installera son nid dans un nid de guêpe, comme Trigona cilipes, installée chez Epipona tatua, et étendant progressivement les diverses chambres de son nid au détriment de celui de la guêpe (Rasmussen, 2003).

 
Au contraire d'Apis mellifera (et à l'exception de Leurotrigona muelleri, qui utilise aussi la cire pure) les Mélipones utilisent, pour bâtir leur nid, principalement un mélange appelé cerumen (cire, en latin), constitué de cire (fabriquée aussi par les ouvrières) et de propolis, à base de résines récoltées dans son environnement, et auquel s'ajoute fréquemment toutes sortes de résidus organiques, des
végétaux : feuilles macérées (Trigona), bourgeons, boue, sable, excréments, ces derniers étant communément utilisés pour leur qualités imperméables et leur résistance contre les prédateurs (Nogueira-Neto, 1970; Baumgartner et Roubik, 1989; Ramalho et al., 1991), même les fèces humaines (Melipona quadrisfaciata, Schwarziana quadripunctata, Trigona spinipes, T. recursa : Nogueira-Neto, 1997). Pour cette raison, la couleur des nids est plutôt dans des teintes brunes, voire noirâtres pour certaines parties, à l'exception des cellules du couvain, en cire. L'entrée du nid est fabriquée de différente façon, cire et propolis, boue et résines, etc. Elle peut être un orifice plus ou moins structuré (images 2, 3, 7), mais aussi un conduit imposant, dans sa largeur ou dans sa longueur (images 1, 3 à 6), où très souvent, se postent des gardiennes.

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2. Photos retouchées de nids de Partamona
1) P. Helleri, nid sous un toit en tuiles à São José do Barreiro, MG, Brasil;
2) P. mulata, nid dans termitière, Cuiabá, Mato Grosso, Brésil
3) Partamona mourei : nid dans termitière sur un mur de maison, lac Carimun, rivière Trombetas, Etat de Pará, Brésil
4) Détail de l'entrée
5) Partamona epiphytophila, nid sur racines de plantes épiphytes, Forte da Graça, Etat de l'Amazonas, rivière Juruá, Brésil.
6) Partamona vicina, nid dans termitière arboricole active de Constrictotermes cyphergaster, Aragarças, Goiás, Brésil
7) Détail de l'entrée

3. -Nids variés de Mélipones, avec nom vernaculaire connu, d'origine amazonienne, et nom scientifique de l'espèce : Mirim-preguiça (Friesella schrottkyi) Marmelada amarela brava (Frieseomelitta varia)
Guaraipo (Guaraipo, pé de pau, gurupu, guarupu : Melipona bicolor), Manduri (Melipona marginata), Mandaçaia (Melipona quadrifasciata), Uruçu (Melipona scutellaris), Melipona seminigra, Jandaíra (Melipona subnitida), Iraí (Nannotrigona testaceicornis), Jatai-da-terra (Paratrigona subnuda), Boca-de-sapo (Partamona helleri), Tubuna (Scaptotrigona bipunctata), Canudo (Scaptotrigona depilis), Mandaguari (Scaptotrigona postica), Mandaguari amarela (Scaptotrigona xanthotricha), Borá (Tetragona clavipes), Jatai (Tetragonisca angustula), Irapuá (Trigona spinipes).
4.--Entrée tubulaire du nid de Scaptotrigona sp., construit à l'intérieur d'un tronc d'arbre, avec un bataillon de gardiennes pour en garder l'entrée.
5. -Entrée en forme de tube, de conduit, du nid de la belle mélipone brésilienne Tetragonisca sp.
6. -Long tuba en cire et résines (de 1 à 90 cm au-dessus du sol en général) pour l'entrée de la Trigona collina, la mélipone la plus commune du nord de la Thaïlande, ici bâti dans un nid de termites Macrotermes spp. Du côté intérieur, le tube se termine de manière étroite (1 - 1,5 cm) et durci avec de la propolis.
7. -Entrée discrète pour melipona marginata, dans un tronc d'arbre.

 
 

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