ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
 
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ABEILLE

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ANATOMIE

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Oeil composé d'une abeille. Autour de chaque facette, on aperçoit de longues soies méchanoréceptrices qui indiquent à l'animal des informations sur sa vitesse et la direction du vent.

Photo Douglas Bray, University of Lethbridge Canada, photographié par un microscope électronique SEM (Scanning Electron Microscope)
   
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LA TÊTE :
 

------LES---YEUX---------

 



Introduction
Les yeux composés
Les yeux simples, ou ocelles

 

OEIL COMPOSE --et-- OEIL SIMPLE
 

Introduction

Oeil composé (gauche) d'une abeille domestique, Apis mellifera.
 

Combien d'yeux possède une abeille ? On pourrait tout à la fois répondre 2, 5 ou…5000 ! L'abeille en effet possède deux vrais yeux, dits à facettes, car composés de quatre à cinq mille unités visuelles de bases, qui sont des yeux simples appelés ommatidies.
L'abeille et beaucoup d'autres insectes possède en plus trois yeux simples, les ocelles (n.m), triangulaires et placés sur le sommet de la tête de l'animal. Là encore, la spécialisation sociale et sexuelle des individus joue encore un rôle important, puisque la Reine, qui ne se sert que très peu de ses yeux, ne possède que 3500 ommatidies environ, alors que l'ouvrière en possède près de 5000 et le mâle près de 7500, car il faut bien ça pour effectuer l'action primordiale de sa vie, celui pour lequel il a été conçu, c'est à dire l'accouplement fécondateur de la reine, qu'il doit pouvoir distinguer de très loin et rejoindre rapidement s'il veut être un des rares élus de la Dame !

 



 
Abeille, schéma en coupe d'un oeil composé, avec : axones du nerf optique, bâtonnets rétiniens, chiasme optique, cellules cristalllines, cornée, cristallin (ou cône), facette, membrane basale, rétinule (ou retinula) rhabdomère (ou rhabdome),
 Abeille, oeil composé, schéma en coupe d'une ommatidie, avec : cellule basale, cellules cristallines, cellules iridiennes, cellules photoréceptrices ou rétinulaires, cellules pigmentaires, cellules rétiniennes, cellules de Semper, chiasme optique, cône cristallin, cornée, lentille, membrane basale, membrane défenestrée, membrane pigmentaire, nerf optique ou rétinien, rétinule, rhabdome, rhabdomère, soie (ou cils).
schéma d'un ocelle chez l'insecte, avec : axone, cellules cornéagènes, cellules pigmentaires, cornée, rétinule, rhabdomère.

Les yeux composés
 

Les deux yeux principaux de l'abeille sont placés de chaque côté de la tête. Ils sont immobiles, car leur champ de vision, très angulaire, s'ouvre déjà sur près de 360° et n'ont pas besoin de pivoter pour embrasser d'un coup tout un panorama. Ces yeux ne possèdent ni pupille, ni iris. Chaque ommatidie est inclinée l'une par rapport à l'autre (l'angle varie de 50° à 5°) et toutes convergent vers le nerf optique. Elles sont protégées, comme l'œil humain, d'une cornée faite de chitine, qui protège aussi la cuirasse du corps de l'abeille. Entre les ommatidies se trouvent aussi des poils ciliaires, qui font le même office que nos cils :
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Vues d'ommatidies et de poils ciliaires d'un oeil composé d'abeilles, au microscope électronique

 
La cornée est un sorte lentille convergente, cuticulaire, sécrétée par les cellules de Semper. Elle coiffe le cône cristallin, qui est réfringent, et forme avec lui une lentille dioptrique (dioptre) qui réfracte les rayons lumineux en son centre. Il existe dans les yeux composés autant d’appareils dioptriques (cornéules) que de groupes de cellules sensorielles. Ces cornéules sont renouvelées a chaque mue, et ont des formes variables chez les insectes. Chez l'abeille, elle est hexagonale, comme les cellules de la ruche.
 
La lumière est transmise au bâtonnet rétinien, dont l'ensemble forme la rétine de l'animal, dite rétinule, qui repose sur une membrane basale percée de trous qui laissent passer les fibres du nerf optique. Pour cette raison, on la nomme membrane défenestrée. La rétine est composée de huit cellules photosensibles,
les photorécepteurs, dont la matière est proche de la rhodopsine (du grec rhodos, latin rhodium, rose et opsis, action de voir, en grec). A la lumière, ce pigment protéique se sépare en rétinal, une molécule très proche du rétinol (vitamine A) et en opsine, une protéine transmembranaire.
 
Sur la face centrale des cellules photoréceptrices se trouve le rhabdomère, fait de plis, de microvillosités où s'opère la transduction du signal lumineux. Au dessus des bâtonnets rétiniens se trouvent quatre cellules cristallines ou cellules cônes. Ce sont elles qui sécrètent le cône cristallin. Deux cellules pigmentaires primaires colorent le cône et sécrète en partie la cornée. Les deux autres protègent l'ommatidie par des manchons de mélanine.

Chaque ommatidie "est pourvue de trachées qui se ramifient entre cellules pigmentaires après avoir traversée la membrane fenestrée. Ces trachées sont très développées chez les espèces nocturnes ou crépusculaires, elles constituent une base réfléchissante qui renvoie les faisceaux lumineux vers les cellules rétiniennes. D’après leur structure et la disposition des cellules pigmentaires, les yeux composés se repartissent en deux catégories : les yeux à vision par apposition et les yeux à vision par superposition. Dans l’oeil à vision par apposition, chaque ommatidie est parfaitement enveloppée par les cellules pigmentaires qui constituent un manchon continu. L’isolement pigmentaire est tel que seul les rayons parallèles à l’axe de l’ommatidie peuvent pénétrer. Chaque ommatidie ne perçoit que l’objet dans son angle d’ouverture c'est-à-dire de 1 degré chez l’abeille jusqu’a 7 a 8 chez d’autres insectes. Il ne se forme qu’une mosaïque de points, les images sont juxtaposées et l’oeil forme des images par apposition c'est-à-dire les unes à côté des autres. Ce dispositif assure une image nette mais peu lumineuse. C’est le système de vision des insectes diurnes."

extrait de :
http://rdeuag.ifrance.com/elements/annales/lbio/lbpa%20bourgeois.pdf

Vue comparative homme-abeille d'une fleur de souci.

C'est la membrane pigmentaire qui entoure chaque ommatidie, imperméable à la lumière, qui donne aux yeux des abeilles ce noir si profond.

Les yeux simples, ou ocelles
 

Les ocelles (ou stemmates) sont des yeux assez pauvres. Ce sont des sortes de cellules photoélectriques, chargées d'apprécier les variations d'intensité de la lumière (ce sont eux qui aident l'abeille à sortir de l'obscurité de la ruche), la polarisation de celle-ci, au gré de la course du soleil, au gré des changements météorologiques, aussi. A l'inverse des yeux composés, les ocelles contiennent chacun un seul système dioptrique pour l’ensemble des cellules photoréceptrices.

Les ocelles latéraux sont situés sur le vertex, l'ocelle médian étant situé sur le front :
 
----ocelles de l'abeille femelle Ceratina cyana (Xylocopinae). On aperçoit distinctement la suture coronale, sous l'ocelle médian.

Après cette vue d'ensemble des structures de la vision, nous allons examiner la vision elle-même de l'abeille et donner une idée du monde vu par l'abeille et de sa manière de s'orienter dans l'espace.

Il est possible de continuer d'explorer le sujet dans le chapitre VISION - ORIENTATION
 

 
Sources images :
 
- http://www.discoverlife.org/IM/I_SD/0029/640/Apis_mellifera,_female,_eyes,I_SD2955.jpg (oeil gauche)
             
             

             
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