ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
- ABBAYE--
 

------

-Le temps
des
Ottoniens

---------

 Otton le Grand accorde à l'évêque Fulbert le droit de battre monnaie à Cambrai.  

    Miniature
    du XIIIe s.
    BNF----------------
    ------


 

INTRODUCTION


Carte de l'empire ottonien en 962,
extraite de l'ouvrage de Louis Grodecki,
Au seuil de l'art roman , L'ARCHITECTURE OTTONIENNE
chez Armand Colin, 1958


"Lorsque le dernier des Carolingiens de Germanie, Louis IV l’Enfant, mourut sans héritier, les féodaux allemands élevèrent l’un des leurs à la royauté. En 911, Conrad, duc de Franconie, fut élu roi par les grands électeurs de Franconie et de Saxe, et reconnu comme tel par la Souabe et la Bavière.

En 919, les quatre duchés choisirent pour lui succéder Henri Ier l’Oiseleur, duc de Saxe. Celui-ci obtint le rattachement de la Lorraine au royaume de Germanie et stoppa l’invasion hongroise à Merseburg en 933. Avant sa mort, Henri Ier désigna son fils Othon (ou Otton) comme son successeur. Ce choix fut entériné, en 936, par l’ensemble des grands électeurs. La dynastie saxonne reposa dès lors sur le double principe héréditaire et électif."

extrait de :
http://fr.encarta.msn.com/text_761576917__1/Allemagne.html

Dès l'avènement du roi de Germanie Otton Ier (dit le Grand, 912-936-973), roi de Germanie en 936 (Rex Francorum) sacré empereur à Rome en 962 (Imperator Romanorum Augustus) par le pape Jean XII, le pouvoir impérial se servit de l'importance que les charges ecclésiastiques avaient dans l'Empire pour contrebalancer le pouvoir des grands féodaux (ducs de Bavière, Souabe, Franconie, Lorraine). Otton et ses successeurs ont alors considérablement augmenté le pouvoir temporel des dignitaires ecclésiastiques, évêques surtout, mais aussi abbés : Que l'on pense seulement qu'en 981, les principautés ecclésiastiques fournissaient les trois quarts des soldats de cavalerie (Panzerreiter) de l'armée impériale !
"Une fois désignés, ils recevaient du souverain l’investiture. Celui-ci leur remettait les insignes de leur fonction, la crosse et l’anneau ; à leur mission spirituelle, il associait des tâches temporelles et leur déléguait les pouvoirs nécessaires pour les remplir. Ainsi l’autorité impériale était-elle relayée par des hommes compétents et dévoués. Sans cette Église d’Empire ou Reichskirche, dont les successeurs d’Otton Ier poursuivirent méthodiquement la construction, la solidité de leur État eût été compromise."

extrait de : http://www.clio.fr

L'époque ottonienne se caractérise par une période de réforme des monastères dans une grande partie de l'Occident chrétien. Otton Ier fonda même une abbaye au moins, Saint-Maurice de Magdebourg (Magdeburg), en 937. Comme sa mère, la reine Mathilde (890-968), épouse du roi Henri Ier l'Oiseleur (876-936), fondatrice comme son époux de plusieurs monastères dont l'abbaye de Quedlinburg (Quedlinbourg), en Saxe-Anhalt, où elle mourut, mais aussi Polden et Noalsacrthausen, en Thuringe. Otton eut toute sa vie des liens très privilégiés avec les hauts dignitaires de l'Eglise, travaillant avec eux aux réformes monastiques de son temps, dont il n'était pas l'initiateur, certes, mais dont il était un acteur dynamique, nous allons le voir.

Quand l'abbé de Cluny Maïeul commença, vers 960-965, de diffuser la réforme clunisienne, celui-ci pourra compter sur le précieux concours de la seconde épouse d'Othon (un second mariage pour elle aussi), l'impératrice Adélaïde*, la sœur du roi de Bourgogne, Conrad le Pacifique (937-993), de la lignée des Rodolphiens, alliée aux Ottoniens par diverses alliances croisées : Othon Ier marie sa nièce au roi Conrad, dont la fille allait épouser Henri le Querelleur, frère cadet d’Otton Ier.. C'est dans ce contexte qu'Adélaïde intervient avec son époux, en 966, auprès du roi Conrad, pour qu’il protège le monastère provençal de Montmajour. Mais l'emprise germanique sur le royaume de Bourgogne se fait sentir aussi par d'autres influences : entretien du culte de saint Maurice à l'abbaye d'Agaune, dont Otton Ier réussit, en 961, par obtenir de Conrad de nouvelles reliques, qu’il fait placer à Magdebourg, qui devint le nouveau centre cultuel des saints de la légion thébaine.
 

* "ADELAÏDE (Bourgogne vers 931 - Seltz, Bas-Rhin, 999)

Fille de Rudolf Il, roi de Haute Bourgogne, Adélaïde fut mariée au prince Lothaire d'Italie dès l'âge de seize ans, on vertu d'un accord politique passé quatorze ans plus tôt entre Rudolf et Hugues de Provence, père de Lothaire. Quelques années plus tard, le jeune marié Lothaire décéda, peut-être assassiné par Béranger qui devait lui succéder. Le nouveau roi voulut forcer Adélaïde à épouser son fils. Elle refusa et se retrouva emprisonnée. Alors Otton, roi de Germanie envahit le territoire de Béranger, libéra la royale prisonnière et l'amena à Pavie, où il l'épousa en 951. C'était aussi un second mariage pour Otton dont la première femme avait été Edith, sœur du roi anglo-saxon Athoïstan.
 
Devenue la femme d'Otton Ier, elle participa à la conduite de l'Empire en tant que consors regni, accompagna son époux dans ses expéditions en Italie de 961 à 965 et de 966 à 972, et fut couronnée impératrice à ses côtés en février 962, à Rome par le pape Jean XII .
 
Durant les vingt années qui suivirent, Adélaïde fut exposée à l'inimitié, voire à l'hostilité de sa belle-famille. Elle prit une grande part à l'éducation d'Otton II et fut sa conseillère la plus influente jusqu'en 978. Otton II succéda à son père, mais la femme grecque qu'il avait épousée, Théophano, détesta tellement sa belle-mère qu'elle réussit à retourner Otton contre elle. Elle trouvait matière à dispute dans les nombreuses largesses d'Adélaïde envers les pauvres. Ce fut bientôt la cause de violentes querelles entre la mère et le fils. Adélaïde fut obligée de quitter la cour. Elle vécut quelque temps chez un de ses frères on Bourgogne. Puis l'intervention pacificatrice de l'abbé Maïeul de Cluny arrangea son retour, La réconciliation prit fin à la mort d'Otton on 983. Otton III lui succéda et Théophano, devenue régente, chassa une nouvelle fois Adélaïde. À la mort de Théophano, on 991, la vénérable Adélaïde revint à la cour, mais cette fois-ci comme régente pour son petit-fils Otton III, de 991 à 994, année de sa majorité.
 
Sa vie longue et mouvementée et son influence politique font d'elle une des femmes les plus remarquables du Xe s. Ses contemporains louèrent sa beauté, sa sagesse et sa vertu. Elle s'autorisa de son pouvoir pour fonder et restaurer les monastères et évangéliser les Slaves. Elle encouragea la réforme de l'abbaye de Cluny et entretint des liens étroits avec les abbés Maïeul et Odilon. Vers 961/965, elle paracheva avec son frère Conrad, roi de Bourgogne, la fondation du prieuré de Payerne, à la dotation duquel avait contribué la reine Berthe. Elle fut encore la protectrice du roi Conrad, puis du roi Rodolphe III, son neveu. A sa demande, Otton III fit don des domaines de Kirchberg (BE), Wimmis et Uetendorf au monastère de Seltz, qu'elle avait fondé et qu'elle affectionnait particulièrement. En 999, elle se rendit en Bourgogne pour y rétablir la paix. Accompagnée de l'abbé Odilon, elle alla se recueillir sur la tombe de sa mère à Payerne, visita l'abbaye de Saint-Maurice et le prieuré de Saint-Victor à Genève, qu'elle donna à Cluny. Se fondant sur sa biographie (Epitaphium Adelheidis imperatricis), rédigée par Odilon, les clunisiens demandèrent sa sanctification au pape Urbain II, qui la canonisa en 1097 (fête le 16 décembre)".
 
Elle mourut à Seltz, en Alsace, dans un couvent qu'elle avait elle-même fondé [voir plus bas, NDE]. Elle est représentée en impératrice, souvent près d'un bateau et donnant l'aumône ou de la nourriture aux pauvres".
 

texte constitué d'extraits des pages web :
- http://casimir.kuczaj.free.fr/Francais/Les%20Saints/adelaide.htm
- http://www.snl.ch/dhs/externe/protect/textes/F10231.html
 

En plus de la réforme clunisienne, une des plus importants mouvements de réforme monastique se passe en Lotharingie rattachée à la Germanie entre 923 et 925 et divisée sous l'impulsion de Brunon en Basse-Lotharingie (Lothier) et Haute-Lotharingie (Lorraine, voir aussi Cartes d'Alsace et de Lorraine ). Ce mouvement est orchestré surtout par l'abbaye de Gorze, et menée alors par l'abbé Jean de Gorze (967/68-976), qu'Otton tenait en si haute estime qu'il lui confia une ambassade auprès du calife de Cordoue, Abd-el-Rahman. Jean demeura près de trois ans à Cordoue, apprenant probablement l'arabe et rapportant en Occident des manuscrits scientifiques qui, à partir de la Lorraine, se diffusa dans toute l'Europe par le biais des abbayes sœurs. La Lorraine est sans cesse l'objet de conflits, les rois de France, ne supportant pas le fait que cette région échappe à leur giron.

En Lorraine (voir aussi Cartes d'Alsace et de Lorraine) ou ailleurs, c'est sur les évêques qu'Otton s'appuiera, eux qui deviendront les maîtres effectifs des villes et des évêchés, tel Adalbéron de Metz (+ 962), qui confirme la libre élection pour les moines de leur abbé, sous réserve... de l'intervention de l'évêque. Fort de son pouvoir, Adalbéron rattache, par exemple, le monastère de Hastière à l'église épiscopale de Liège. A l'exception de Baldéric Ier*, ses prédécesseurs Hugues (aussi abbé de Lobbes, de Saint-Maximin de Trèves), Farabert (aussi abbé de Prüm et de Lobbes) et Rathier* de Vérone (Ratherius Veronensis + 974, abbé de Lobbes), comme ses successeurs Eracle* (abbé de Lobbes, où lui succèdera l'historien Folcuin*, puis Hériger*) et Notger accèderont à l'épiscopat de Liège par la volonté d'Otton ou de Brunon (Brunonis, Brun, Bruno, 925-965), son très dévot frère, lui-même évêque de Cologne, et dont la biographie, la Vita domni Brunonis (aussi Vita Brunonis archiepiscopi Coloniensis), a été écrite par Ruotger, son élève et moine à l'abbaye Saint-Pantaléon de Cologne vers 968/969, abbaye fondée par Bruno lui-même : Le pouvoir impérial choisit bien sûr ses hauts dignitaires de préférence dans sa parentèle, proche ou élargie, et ce sont eux qui bénéficient souvent des plus hautes charges épiscopales ou monastiques, à commencer par le frère même d'Otton, Brunon, évêque de Cologne, qui adopta le style gorzien pour les monastères de son diocèse. On peut citer aussi Thierry Ier, cousin germain d'Otton, à l'évêché de Metz de 965 à 984, qui fonde l'abbaye Saint-Vincent de Metz et reçoit d'Otton l'abbaye de Waulsort en 969, fondée en 945/946 par Eilbert (+ 978) et confiée à des moines écossais, Maccalan et Caddroé. On peut citer un parent proche d'Otton, le margrave (marquis) de Saxe Gero, qui fonde l'abbaye de Gernrode en 960/961, en Saxe, sur le versant septentrional du Harz. Il y a aussi Gerberge, nièce de l'empereur, abbesse saxonne de Notre-Dame de Gandersheim, qui demanda (avec le concours de Guillaume, archévêque de Mayence et fils naturel d'Otton) à Hrotsvita de Gandersheim* (Hrotsvit, Roswita) de composer une oeuvre à la gloire d'Otton. De la même manière que Widukind (v. 925-973), moine de Corvey (Saxe), écrit son Histoire des Saxons (Res gestae Saxonicae, v. 962-965), en forme de panégyrique de l'empereur, Hrotsvita écrivit des poèmes épiques à la gloire de ce dernier et de sa dynastie. L'élite féminine ottonienne, et les couvents de moniales en particulier, ont joué un rôle qui n'est pas négligeable au sein de la Germanie des Xe-XIIe s. Il est clair, en effet, que les Ottoniens "ont développé une réelle conscience dynastique autour des monastères féminins de Quedlinburg et Gandersheim*, qui jouent un rôle central comme représentants du pouvoir royal jusqu’à la montée sur le trône d’Henri II [ALTHOFF, 1991]. Ce monastère est par ailleurs représentatif d’une pratique répandue qui veut que la reine, lorsqu’elle fonde un monastère féminin, donne une partie de son douaire [LE JAN, 2002]. C’est plus particulièrement en Italie [LA ROCCA, 1998] et en en Germanie que les fondations de monastères féminins ont été accompagnées de pratiques qui relèvent de véritables stratégies patrimoniale et dynastique [LE JAN, 2002]."

extrait de : http://lamop.univ-paris1.fr/lamop/LAMOP/elites/joye.pdf

* BALDERIC II : Evêque de Liège succédant à Notger et fondateur de l'abbaye Saint-Jacques-le-Mineur de Liège, le 25 avril 1015.
* RATHIER : Théologien remarqué, qui avança des idées en avance sur la réforme grégorienne dans ses Praeloquia ou Agonisticu
* ERACLE : Evêque de Liège de 959 à 971 qui bâtit un oratoire qui servira à Etienne de Liège (+ 1059), moine bénédictin de Saint-Vanne, pour fonder l'abbaye de Saint-Laurent, sur les hauteurs de Publémont, aidé en cela par Renaud (Reginald), l'évêque de Liège d'alors.
* FOLCUIN : Abbé de Lobbes de 965 à 990, spécialisé dans la chronique monastique, qu'il réalisera pour les abbayes de Saint-Bertin (Gesta abbatum Sithiensium) vers 961-962 et de Lobbes (Gesta abbatum Lobiensium) dès 968, qui sera poursuivie jusqu'en 1159. Auteur aussi du "Miracula S. Ursmari" (Miracles de saint Ursmer de Floyon, 645-713), oeuvre poursuivie par d'autres moines.
* HERIGER : Abbé de Lobbes de 990 à sa mort, en 1007. Vers 1000, Notger ( qui est peut-être l'auteur d'un commentaire à la grande Arithmétique de Boèce) confie la direction des écoles liégeoises à Hériger."Heriger consacra une grande partie de son temps à commenter l’ Abacus de Gerbert et à le rendre plus intelligible : il nous a laissé un texte intitulé Ratio Abaci Secundum Divum Herigerum. Pendant longtemps, on a cru ce document perdu jusqu'à ce qu’on le retrouve dans la Bibliothèque de Leyde, au siècle dernier. Par contre, on n’a toujours pas pu retrouver son autre traité intitulé Regulae numerorum super abacum Gerberti."
extrait de : http://www.ise-mons.be/hsm/bio1.htm
* HROSTVITA : Parmi les écrits de cette moniale, et en plus des deux poèmes épiques ottoniens, on trouve huit poèmes tirés de la vie des saints (960), six drames en prose, au style inspiré de Térence, dit-on, qui figurent parmi les tout premières manifestations du théâtre médiéval avant les Miracles (XIIIe s.) et les Mystères (XVe s.), et enfin, un poème historique sur l'histoire de son abbaye de Gandersheim, Promordia Coenobii Gandershemensis.
* GANDERSHEIM : en Basse-Saxe, (voir Carolingiens)

Dans les Marches suisses de la Lotharingie, qui font alors partie du nouveau duché de Souabe (919), région du sud de la Bavière, Otton appuiera son pouvoir, comme partout ailleurs, sur les monastères. Ceux existants, comme l'abbaye de Disentis, car les Ottoniens, comme avant eux les Carolingiens et après eux les Hohenstaufen, se préoccuppent des passages des cols alpins, aux frontières de leur empire. En contrepartie de ses devoirs, l'abbaye bénéficie de donations et est élevée au statut d'abbaye impériale, ce que les successeurs d'Othon confirmèrent. Des fondations nouvelles, on connaît surtout celle de l'abbaye Notre-Dame des Ermites d'Einsiedeln, édifiée vers 934 à la place de l'ermitage que Meinrad, moine de Reichenau, avait établi avant d'être assassiné par des voleurs en 861. Cette fondation est l'oeuvre de deux hommes, Bennon (Bernon, + 940) de Metz et Eberhard (ou Evrard, + 958), prêtre et chanoine de la cathédrale de Strasbourg, qui deviendra un établissement monastique important, aux domaines dispersés jusqu'au Voralberg, et dont l'influence s'étendait à la Bavière et à l'Italie du Nord.

L'Italie, justement, faisait partie pour longtemps de l'espace germanique (Otton Ier y avait été fait roi des Lombards en 951). La consécration papale de 962 était d'une importance capitale pour la légitimité ottonienne : la contrepartie fut conséquente, si l'on en juge d'après le Privilège d'Otton Ier (Privilegium Ottonianum), qui confirme la donation de Pépin. Nous le reproduisons ici, pour donner une idée du pouvoir papal sur nombre d'abbayes d'Italie. Car, quand il est dit que l'empereur confirme la possession de "...l’exarchat de Ravenne tout entier avec les villes, cités, bourgs fortifiés et châteaux...", il faut comprendre, par exemple, que la grande abbaye de Ravenne, Saint-Apollinaire-in-Classe, fait partie de ces possessions. Et il en va ainsi, pour toutes les cités, nombreuses, dont le pape reste alors maître.


 

 

 

 

 OTTON II

(955-973-983)

 
Couronnement
d'Otton II et de Théophano

Empire germanique
982-983
Ivoire d'éléphant,
traces de polychromie
0,18 m x 0,10 m
Musée national du Moyen-Age
Thermes et Hôtel de Cluny
Fonds Du Sommerard
[Du Sommerard Alexandre (1779-1842)]
Cl. 392

 "Cet ivoire, d'une célébrité immense, a été maintes fois étudié. Sous un dais supporté par des colonnes, le Christ couronne Otton II et Théophano. Le couple impérial est identifié par des inscriptions grecques gravées sur le fond de la plaque. Aux pieds de l'empereur est représenté un personnage prosterné vers le Christ, probablement le donateur. L'invocation qu'il lui adresse est gravée en caractères grecs. Le style de la plaque est nettement marqué par l'art byzantin, au point qu'on peut supposer qu'elle a été taillée par un artiste byzantin travaillant en Occident. Peu d'œuvres témoignent, en tout cas, avec autant d'éloquence des liens qui unissent à la fin du Xe siècle, l'Occident et Byzance. Cette plaque a servi de couverture à un livre précieux."

extrait de : http://www.musee-moyenage.fr/pages/page_id17997_u1l2.htm


Si Othon Ier "n'apprit que tardivement à lire et à écrire, après la mort de sa première épouse Edgitha, dès sa jeunesse, Othon II eut des lettres et manifesta du goût pour les sciences. Lors d'une visite à Saint-Gall, il se fit ouvrir la bibliothèque du couvent, s'y promena longtemps, emporta un certain nombre de volumes, qu'il ne rendit plus tard qu'à regret, et en partie seulement, cédant aux instances du moine Ekkehard II." (extrait de : http://www.yrub.com/histoire/10sempireall7.htm)

Dès la première année de son imperium, Othon II confirme l'immunité et les divers privilèges de l'abbaye de Lobbes , établissement phare du monachisme liégeois, dirigé par l'évêque Notger, dont nous avons évoqué. Il faut en reparler ici, car sous le règne d'Otton II, le pouvoir de l'évêque de Liège s'accroîtra, l'empereur lui ayant
une véritable souveraineté sur ses possessions et en particulier sur Tongres, une partie de Huy, Fosses et Malines. L'évêque de Liège obtient donc un privilège d'immunité générale "qui soustrait tous les domaines liégeois de la juridiction comtale et les place sous la protection royale". Il place les hommes et les choses qui s'y rattachent sous la seule juridiction du prélat. Otton II confère des pouvoirs temporels à Notger : l'Etat liégeois est né." extrait de : http://perso.infonie.be/liege06/04quatre.htm

Notger accompagne Otton II dans des campagnes militaires, "assiste au concile d'Ingelheim, qui décide notamment qu'un seul abbé régira les deux monastères de Stavelot et de Malmedy, et qu'on choisira parmi les moines de Stavelot en premier lieu." (voir extrait précédent) : c'est dire l'importance de ce personnage pour toutes les abbayes dépendant alors du grand évêché de Liège.

Encore plus que son père, Otton II est un acteur des réformes monastiques dont nous avons parlé. L'abbé de Cluny sera son ami et son conseiller comme celui de son fils Othon III (980-1003), tous deux confiant à Maïeul la réforme des monastères italiens de l'Empire : en premier lieu celle de Pavie, cité dont il fit un centre important du monachisme clunisien. Cette réforme fut initiée dès 971 sous Otton Ier (Sainte-Marie, Saint-Sauveur, Saint-Pierre-au-Ciel-d'Or), puis se prolongera sous Otton II. Ensuite, elle s'élargit à Payerne, qu'Otton II prit sous sa protection en 983, mais aussi à Ravenne (Saint-Apollinaire-in-Classe) et à Parme.

Cependant, comme il est habituel aux Grands de ce temps, nous l'avons-vu à de nombreuses reprises, les actes de portée religieuse d'Othon III sont étroitement liées aux actes de portée politique. C'est ainsi que Mathilde Uhlirz a pu parler de l’année 982 comme d'un moment marquant de ce qu’elle appelle la "Klosterpolitik" (politique du cloître, du couvent) de l’empereur. En effet, à la suite de sa défaite au cap Colone, en Italie du Sud. Otton II nomme à la tête de trois grandes abbayes royales : Farfa, Nonantola et Bobbio, trois personnalités religieuses du moment : Adam de Lucques, Jean Philagate (qui deviendra pape sous le nom de Jean XVI) et Gerbert d’Aurillac, dont la grande charge sera de restaurer le patrimoine foncier de chaque domaine abbatial et de se rendre capables de mettre au service de l'empereur des contingents de vassaux pour son armée.

" La "Klosterpolitik" ottonienne ne va pas cependant sans une certaine ambiguïté. Les hommes que les Ottoniens placent à la tête des monastères avaient pour but de reconstituer le patrimoine foncier des établissements à la tête desquels ils étaient portés, de manière à pouvoir y établir des vassaux dont avait besoin l’armée impériale. Or, installer des hommes sur les biens monastiques comme il était indispensable pour ceux qui étaient désignés comme abbés signifiait en quelque sorte légaliser leur invasion par
des hommes avides de terres. Régénérer le patrimoine foncier pour le voir ensuite remis
entre les mains de vassaux laïcs ne pouvait qu’aboutir à une nouvelle érosion du patrimoine
foncier des établissements. Certes, le temps des luttes pour la trône ne poussait
plus autant les seigneurs féodaux à usurper les biens monastiques, mais l’empereur
Otton II ne pouvait oublier qu’il n’était pas parvenu à réaliser son rêve de dominer
toute la péninsule. Le service des vassaux lui était indispensable pour disposer des forces
nécessaires afin de reprendre le combat qui lui aurait permis d’unir le sud de la péninsule
à son royaume d’Italie."
extrait de : http://www.degruyter.de/journals/fmst/2002/pdf/36_271.pdf

 
Nous devons maintenant évoquer au passage la femme byzantine d'Othon II, Théophano, qui ne sera pas aussi pieuse que celle d'Othon Ier, sa mère Adélaïde. Pire, quand en 987, par l'intermédiaire d'un certain Manegold, Adélaïde voudra obtenir des subsides pour la fondation d'un monastère à Sermersheim, en Alsace, Théophano lui opposera une fin de non recevoir et Adélaïde se verra obligée d'attendre la mort de sa belle-fille (991). Alors, chargée de la régence pendant la minorité de son petit-fils, Otton III, elle débuta les travaux de son abbaye en 991/992, non plus à Sermersheim, mais sur les rives d'un affluent du Rhin, la rivière Matra (auj. Moder), près de la ville de Seltz.
 

 

 

 

 

 OTTON III

(980-983-1002)
 

Evangéliaire d'Otton III, Latin 4453
vers 1000, abbaye de Reichenau ?
Münich, Bayerische Staatsbibliothek
A gauche, "Sclavinia (région occupée par les Slaves au sud du Danube), Germania, Gallia, Roma", états vassaux de l'empire Germanique d'Otton III viennent offrir des cadeaux en allégeance à leur seigneur.
A droite, Otton III dans sa magnificence impériale et le pape Sylvestre II (Gerbert d'Aurillac)


Otton III eut comme précepteurs deux moines de grande valeur, Bernard (Bernward, Bernhard, Bernouard, Bernualdus ) de Hildesheim (960-1022) et Gerbert d'Aurillac qui lui donnèrent une solide culture. Si le futur pape Sylvestre II (Gerbert) sensibilisa l'empereur sur les sciences (voir article le concernant), le futur évêque d'Hildesheim, choisi par la régente impératrice Théophano en 987, était plutôt un artiste. Otton lui offrit l'évêché d'Hildesheim en 993, tout en lui offrant une relique de la Sainte Croix. Il y fonda une abbaye dont l'abbatiale, Saint-Michel d'Hildesheim (Sancti Michaelis Hildensheimensium), fut édifiée entre 1010 et 1020.

Peu après l'avènement d'Otton III, nous voyons le pouvoir de Notger se développer d'avantage, cette fois par l'entremise de la mère de l'empereur, Théophano. Cette dernière lui demande d'accorder à Notger "le comté de Huy, laissé vacant par le comte Ansfrid, qui s'étendait, de part et d'autre de la Meuse, sur la Hesbaye, le Condroz et la Famenne. C'était la première fois qu'un comté tout entier était donné à un évêque. L'évêque devient donc comte ou prince, dans son territoire. Il devient prince-évêque et l'Etat liégeois une principauté ecclésiastique."(voir extrait précédent). Un peu plus tard, le 27 décembre 986, Otton III confirme la donation de Mettet faite par Notger à l'abbaye de Saint-Gérard de Brogne. Le 27 février 987 , l'empereur confirme les privilèges des abbayes de Stavelot-Malmedy. "Otton III accorde à Notger un second comté : le comté de Brugeron (environs de Tirlemont). A la demande de Notger, il confirme à l'église de Liège la possession des abbayes de Lobbes et de Fosses, ainsi que du comté de Brugeron, des droits de marché à Maastricht et un nouveau monastère, l'abbaye de Gembloux."(voir extrait précédent). Le "31 mars 992, Otton III, à la demande de Notger, confirme l'immunité de l'abbaye de Saint-Gérard de Brogne, et charge l'évêque de Liège de la protéger" (voir extrait précédent).

Abbaye de Lobbes (à gauche) et église Saint-Ursmer (à droite), gravure du XVIIIe s.
 

Sources :

Images :

http://www.heiligenlexikon.de/Fotos/Bernward_von_Hildesheim.jpg (bernward hildesheim)
http://employees.oneonta.edu/farberas/arth/Images/arth212images/ottonian/ottoII_ivory.jpg
(couronnement Otton II et Théophano, GM)
http://www.musee-moyenage.fr/pages/page_id17997_u1l2.htm (couronnement Otton II et Théophano, PM)
http://numisnord.free.fr/otton.jpg (otton-fulbert-monnaie)
http://sclavinia.webpark.pl/sclavm.jpg (évangiles Otton III)
http://www.ise-mons.be/hsm/lobbes.jpg (Lobbes, gravure XVIIIe)
http://em.pwn.pl/historia/galeria/d09i0141.html (évangiles Otton III-2)
http://employees.oneonta.edu/farberas/arth/arth200/politics/med_images_power.htm (évangiles Otton III-pm)
http://www.bodarwe.de/kalame.html (carte empire ottonien)

-------