ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

 

    Hortulus de Walafried Strabo (809-849)
    gravure du Strabi Fuldentism, 1510.

ABBAYE
  LES JARDINS
   
Hortus Conclusus
 
(2)

Les clôtures (1)


 

Nous allons voir maintenant en détail la manière de protéger les cultures, tant au niveau du jardin lui-même que des parterres.

A l'image de l'architecture monastique, primitivement en matière très périssable, bois ou terre, les protections des jardins seront surtout en bois, même si, comparativement aux monastères, la pierre a dû être utilisée plus facilement pour les jardins, la quantité nécessaire pour protéger ces derniers étant bien moindre que pour la construction de bâtiments.
 

LES CLÔTURES
 

 
Jardiniers au travail. Illustration du livre des Profits champêtres et ruraux de Pierre de Crescens, XVe siècle, Paris, Bibliothèque de l'Arsenal.
Différents types de clôtures son visibles : mur de brique, treillages simples (bordures de carrés), treillages en espalier (au premier plan), planches.

- Murs de brique pour le tour du jardin, carré surélevés de briques sont souvent représentés sur les miniatures (XVe et XVIe siècles en particulier), mais on peut trouver des parterres le long de murets, sur le pourtour des préaux du cloître :


De gauche à droite :

1) Maître de la Vue de Sainte-Gudule (actif entre 1470-1490),
La Vierge et l'Enfant en compagnie de Marie-Madeleine et la donatrice (détail), tableau inspiré de la Vierge au Chancelier Rolin de Van Eyck (musée du Louvre), France, fin du XVe siècle (Liège, musée diocésain).
Pour la vue entière du tableau, cliquer ici.

2) Maître de la légende de sainte Catherine, La Vierge et l'Enfant accompagnés de sainte Barbe et de sainte Catherine (détail), panneau central du retable de la Vierge, fin du XVe siècle, France (Grenade, Capilla Real).
Remarquez les nombreuses topiaires en plateau. Pour voir le tableau entier, cliquer ici.

3) Maître Alsacien, Une Vierge au jardinet (détail), 1479 (Strasbourg,musée de l'Oeuvre Notre-Dame). Notez les topiaires que la femme du jardin apprécie du toucher, le banc de brique enherbé et le palissage de rosiers.
Détail de l'Annonciation dite de Ferry de Clugny, car commandée par ce cardinal et évêque de Tournai (1388-1483) au peintre Rogier Van der Weyden (Roger de la Pasture, 1399 ou 1400-1464).
Ce tableau représente un jardin bourgeois dans les Flandres de son époque, avec carrés de plantes bordés de briques posées sur chant, filets de protection contre les oiseaux, topiaires taillées en plateaux. Pour voir le tableau entier, cliquer ici.
 

- Palissades, du gascon palénc (latin médiéval, aerolae) : pieux, ais de palissades, palis, pals.
 


En bois, elles isolent les cultures du vent pour une meilleure fertilisation de la terre, elles protègent des animaux domestiques et sauvages. Tout cela elles le font mieux que les haies, mais ces dernières ont d'autres avantages non négligeables (voir
le jardin de Strabon illustré en en-tête ou la Thébaïde de Starnina, ci-dessous).

- Haies. En plus des palissades, elles offrent les avantages d'un milieu vivant, en pourvoyant les moines de bois d'oeuvre et bois de chauffage, en offrant le gîte aux oiseaux et au petit gibier, qui ont été longtemps les seuls insecticides, sans oublier le chant des premiers, qui adoucit les activités quotidiennes ou le fait qu'elles peuvent être constituées de baies comestibles ou d'herbes médicinales, comme à l'ancien prieuré d'Orsan. Comme le plessis, la haie peut protéger le jardin lui-même ou ses parterres. La haie classique est faite de myrte, auquel succèdera souvent le buis à compter du XVIe siècle : - -

La Thébaïde (détail) de Gherardo Starnina ( + vers 1410), où l'on voit des moines cultiver leur jardin entouré d'une haie de verdure et de fleurs ainsi que d'une palissade.
Florence, Musée des Offices (pour voir le tableau en entier, cliquer ici)

 
- Plesse, ou plessis (N.m), appelés aussi fascine (N.f), vieux mots qui désignent des haies, des palissades faites de branches tressées de manière très serrée, laissant le moins de vide possible. Le plessis a servi pour protéger les carrés de plantations, mais plus encore, le jardin lui-même. Sa solidité est souvent renforcée avec d'autres plantes (arbres, arbustes) autour desquelles il est entrelacé. Le mot vient du latin plexum, vieux français plaix, ples, plessé, qui a donné de nombreux toponymes. Ils sont souvent de saule, sec ou vivant, mais l'osier vivant a l'avantage de s'enraciner dans la butte qu'on veut retenir et de rendre ainsi l'ensemble très solide. Cette technique est omniprésente dans l'enluminure de la fin du moyen-âge et de la Renaissance :

 1.  2.  3.  4.

1. Un songe de Georges de Chasteaulens, détail. XVe siècle. Chantilly, Musée Condé. Il montre un jardin de campagne clos par un plessis, où l'on voit un arbre (comme l'image 2) et des pieux (comme l'image 2 et 4) renforcer la fixation,
2. Hortus Sanitatis de Jean de Cuba, détail d'une ménagerie, 1485, Bibliothèque de la Pharmacie, Paris.
3. Tacuinum Sanitatis, folio 37v : Salvia, la sauge, plantée en banquette circulaire de plessis)
4. Boccace, De mulieribus claris (traduction anonyme), France, Cognac, XVe-XVIe siècles, BNF Richelieu Manuscrits Français 599, fol. 42.
 
 

 

 
 
 

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