ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

-ABBAYE
  -ARCHITECTURE OTTONIENNE
 
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INTRODUCTION
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Au moment où fleurit au sud de l'Europe les premiers témoins de l'art roman, il naît dans l'empire germanique un art très différent, utilisant d'autres techniques, d'autres manière de penser l'espace architectural ou décoratif. Les bâtiments qui seront étudiés ici ont fait un jour partie d'une abbaye. Certains le sont encore, d'autres ont changé de statut, surtout pour appartenir à des chapitres cathédraux.

Ces différences s'expliquent par deux choses principales. Primo, le contexte politique entre ce Sacrum Romanorum Imperium Nationis Germanicae (Heiliges Reich, attesté depuis 1157, aussi Heiliges Römisches Reich) et les pays où se développe l'art roman, tels l'Italie, la France ou l'Espagne, n'est pas le même. L'Allemagne des Ottons est le seul d'entre-eux à avoir intégré la religion dans son projet politique de restauration de l'empire romain, avec un maître d'oeuvre, l'empereur lui-même et de nombreux architectes ayant en commun cette vision de grandeur et de magnificence, unis aussi par leurs origines aristocratiques : princes, abbés ou évêques pour la plupart. Ce projet n'est pas nouveau. Il fut mis en oeuvre déjà par les Carolingiens, et nous ne rappellerons ici que l'exemple architectural emblématique de cette idéologie : la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle (les autres exemples concernant le monde monastique ont été vus au chapitre de l'architecture carolingienne).

D'autre part, s'agissant de la Francie (Francia, parfois encore Gallia), on se remettait progressivement des désordres causés surtout par les envahisseur Normands. L'art qui va naître de la période nouvelle, qui verra le développement des villes, de la population, de la sécularisation des savoirs (universités), certes ne fera pas table rase du passé, mais prendra ses distances avec lui, favorisant la création propre aux nouvelles conditions socio-économiques que nous venons d'évoquer, pendant que les pays germaniques, qui n'auront pas connu de rupture politique, conserveront les conceptions carolingiennes de l'art.

 
Les principaux traits caractéristiques de l'architecture ottonienne, sans être des critères absolus, peuvent être résumées en quelques points :
 
- Le gigantisme des édifices : La monumentalité de la plupart des églises ottoniennes traduit délibérément cette volonté de puissance et de grandeur dont nous venons de parler : Le contraste avec les humbles édifices du premier âge roman méridional est saisissant

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La simplicité de la structure intérieure : Paradoxalement, si l'architecture ottonienne affiche un gigantisme à l'extérieur, à l'intérieur, elle conserve la simplicité des monuments préromans : l'architecte impérial n'utilise pas la voûte pour supporter les nefs (seuls, les collatéraux l'étaient), mais un plafond de bois peint, et d'ailleurs, la peinture est omniprésente, à l'extérieur ou à l'intérieur, aux murs comme aux plafonds. Les murs des vaisseaux sont plutôt continus, sans successions de fenêtres ou d'arcades, sans supports compliqués : uniquement colonnes et piles, avec une originalité : leur alternance, une suite pilier/colonne/pilier/ (région du Rhin) ou pilier/colonne/colonne/pilier (Saxe) donne un rythme esthétique original mais ne change pas du tout la disposition de l'espace, d'autant plus que ce dernier n'est pas encore divisé en travées, au contraire des premières églises romanes du Midi.

- Richesse de l'ornementation : A l'inverse des premiers bâtiments romans, d'une grande sobriété décorative (bandes lombardes et niches pour l'essentiel), les édifices ottoniens emploient une grande variété d'ornements inspirés pour la plupart de l'antiquité, utilisés indifféremment de manière externe ou interne à l'édifice.

- La double orientation : Elle prend sa source chez les Carolingiens, dans le modèle de Centula (Saint-Riquier). Les Ottoniens ont cette particularité d'avoir développé deux pôles à leurs églises, dont le signe le plus visible est le double transept, comme à Centula.

Voici maintenant la liste des principaux édifices monastiques ottoniens, classés chronologiquement. Elle renvoie, selon l'avancée des travaux encyclopédiques, à chaque monastère concerné, ce qui permet d'éclairer par l'exemple ce qui vient d'être dit en général, et de rendre compte de la singularité de chacun des édifices (voir carte de l'empire ottonien pour localiser les monastères). Ajoutons enfin que le style ottonien a duré au-delà de la dynastie même, jusqu'au milieu du XIe siècle, selon Louis Grodecki :
 
- La Trinité d'Essen, 946 - 967 et 1039 - 1051
- Saint-Pantaléon de Cologne, 984 -1000
- Saint Michel d'Hildesheim, 1001-1015
- Obermünster de Ratisbonne, v. 1010
- Saint-Jacques le Mineur de Liège 1015-1030
- Limburg v. 1025
- Abbatiale Saints-Pierre-et-Paul d'Ottmarsheim v. 1030
- Hersfeld, 1037 - 1042

Généalogie des Ottoniens :
 
Henri Ier dit Henri l'Oiseleur (919 - 936)
Otton Ier, dit Otton le Grand (936 - 973)
Otton II (973 - 983)
Otton III (983 - 1002)
Henri II, dit Henri le Saint ou Henri le Boiteux (1002 - 1024)

Généalogie des Saliens :
 
1024-1039 : Conrad II le Rouge ou le Salique
1039-1056 : Henri III le Noir
1056-1105 : Henri IV le Grand
 
Anti-rois :
 
1077-1080 : Rudolphe de Souabe
1081-1088 : Hermann de Salm
1088-1090 : Ekbert de Meissen
1093-1101 : Conrad le Franc

1106-1125 : Henri V
1125-1137 : Lothaire II de Saxe
 

 
Sources

- L'art roman de Marcel Durliat, éditions Mazenod, 1982
- Au seuil de l'art roman , L'ARCHITECTURE OTTONIENNE, de Louis Grodecki,
éditions Armand Colin, 1958
 

IMAGES

Au seuil de l'art roman ... voir ci-dessus (carte europe ottonienne)
http://www.vonnie.nl/archives/archive_2004-m07.php (hersfeld en couleurs)
http://www.ak-verkauf.de/index.php/cPath/48_141_788 ((hersfeld en noir et blanc)
http://www.rma.de/kultur/freilicht/freilist.htm (hersfeld spectacle)
http://www.darc.de/distrikte/f/69/html/body_stiftsruine.html (abbatiale hersfeld)
http://www.hazett.de/cdg/bilder/hersfeld_fotos_2001.htm (hersfekd crypte)
http://www.artphotographie.de/sthe_ruine.htm (hersfeld nef et transept)
http://www.zum.de/Faecher/G/BW/Landeskunde/rhein/kloester/limburg1.htm (limburg1)
http://www.pfalzbild.de/galerie/limburg/ (limburg2, nef)
 

 
 
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