Leo, Agitator, Taurus, Cephaeus, illustrations du "De signi caeli" (Des signes du ciel), oeuvre du pseudo-Bède. manuscrit du Xe siècle, scriptorium de Fleury-sur-Loire, Paris BNF, Lat 5543, folios 158-171 


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ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE

ABBAYE
 

Temps des Mérovingiens

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Abbaye de Fleury

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2e partie
De Gauzlin à nos jours

 


 

Gauzlin reconstruit les bâtiments après le désastre de 1026 (la nouvelle église fut consacrée en 1031 par Innocent II) où l'on vit l'église s'écrouler (bien qu'ayant été réparée), à la suite d'un énième incendie, allumé cette fois par la foudre. Elle ne fut achevée qu'en 1218 et fait 95 mètres de long.

"Cycle apocalyptique et thème de Jugement étaient unis dans les peintures que l’abbé Gauzlin avait fait exécuter, vers 1020-1030, au revers de la façade de l’église Saint-Pierre. L’auteur fut un certain Oury – Odolricus –, moine de Saint-Julien de Tours. Ces peintures ont été détruites, mais Robert-Henri Bautier a pu en proposer une restitution convaincante, à partir d’une description donnée par le moine André de Fleury, dans une vie de l’abbé Gauzlin." ( extrait de l'encyclopédie Universalis).

Une crypte romano-byzantine du XIe siècle s'étend sous le choeur et renferme avec les reliques de saint Benoît, un sarcophage en pierre du VIIe siècle et une table de communion en chêne sculpté donnée par Richelieu.

Notons qu'à cette époque écrivait le chroniqueur Helgaud, chroniqueur français. Il fut moine à Fleury, en construisit une des chapelles, et mourut à une date inconnue ; peut-être a-t-il écrit après 1042 ; il est certain seulement qu'il vécut au delà de 1035, année de la mort de l'évêque Odolric. Protégé du roi Robert qui l'avait en grande affection, il a laissé, sous le titre d'Epitoma vitae Roberti regis, une sorte d'oraison funèbre de ce prince, véritable hagiographie portant ce titre d'abrégé, parce qu'il n'y est question que de ses oeuvres de piété; c'est sans doute un fragment d'une histoire de l'abbaye de Fleury qui débutait peut-être même par celle de l'abbaye de Saint-Aignan d'Orléans. Cet ouvrage, d'un style obscur, mais qui renferme des détails intéressants sur les moeurs de l'époque, n'est conservé que dans un manuscrit du Vatican, interpolé. Imprimé dans les recueils de Gaguin, de Pithou, puis de Duchesne en 1649 (Historiae Francorum scriptores, t. IV), réimprimé par Migne (Patrologie latine, t. CXLI), il a été édité plus correctement en 1760 dans les Historiens de France (t. X, pp. 96-147), sans le préambule sur la construction du monastère de Fleury, ni le testament de l'abbé Liébaut; le t. VI de la collection Guizot en contient une traduction.

Cet ouvrage est un des témoignages majeurs sur le rôle décisif joué par les abbayes (Fleury et Saint-Denis en particulier) dans l’établissement d’une historiographie capétienne – où une généalogie imaginaire rattachait d’ailleurs Hugues Capet à Charlemagne, source de tout prestige monarchique – et d’une mystique monarchique.

On a faussement attribué à Helgaud une vie de saint Abbon de Fleury et deux fragments de la chronique d'Adhémar.

"Un texte, maintes fois cité, parle d’une tour du monastère, construite – mais non achevée – par l’abbé Gauzlin* ( pour servir d’exemple à la Gaule entière. On a voulu mettre en relation cette tour avec le monument actuel et ses admirables sculptures. Ce serait admettre que ces dernières, et notamment la série des chapiteaux d’acanthes du rez-de-chaussée signés Umbertus** aient pu avoir été exécutées dans le premier tiers du XIe siècle, hypothèse difficile à soutenir. Compte tenu de l’évolution ultérieure de la sculpture en Languedoc et en Bourgogne, une date proche de 1080 apparaît comme plus vraisemblable (...) L’exemple le plus caractéristique du rôle que peut jouer le corinthien au début de la sculpture romane est celui des chapiteaux de la tour-porche de Saint-Benoît-sur-Loire (appelée avant-nef, narthex, ou encore galilée) dans le deuxième quart du XIe siècle :


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Le porche sert de base à la tour, qu'il soutient par cinquante colonnes adossées à seize grosses piles qui forment trois travées dans tous les sens À côté de chapiteaux corinthiens partiellement construits selon les recommandations de Vitruve et inspirés pour le feuillage d’œuvres gallo-romaines locales, le sculpteur de cet ensemble utilise en effet le cadre corinthien pour d’autres créations, ornementales ou figurées.

Même dans les chapiteaux historiés, l’épannelage emprunté au corinthien demeure sous-jacent, et, souvent, l’acanthe accompagne les personnages et sert de toile de fond aux scènes. Cette association du végétal et du cadre corinthien avec la figure – déjà réalisée dans certaines œuvres antiques – apparaît comme l’un des traits les plus caractéristiques de l’époque romane et se retrouve dans des ensembles aussi différents par ailleurs que les chapiteaux du Pantéon de los Reyes à San Isidoro de León et ceux du déambulatoire de Cluny..."( extrait de l'encyclopédie Universalis).

* Notons qu'il n'existe pas de certitude sur cette attribution.

**"Umbertus me fecit") sur le chapiteau du quatrième pilier,

Il y a la bagatelle de 128 chapiteaux dans la tour-porche, représentant surtout des scènes de l'Apocalypse de Jean et de la Genèse, et 600 au total : essentiellement des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament et de la vie de saint Benoît.

André de Fleury continua, en 1043, la rédaction des Miracles; Raoul Tortaire, né en 1063, puis Hugues de Sainte-Marie ou de Fleury lui succédèrent dans cette oeuvre.

1067 Commencement de la construction de la basilique actuelle.

Philippe Ier, roi de France, avait placé l'abbaye sous sa protection et l'enrichit de biens considérables. En 1103, le pape Pascal II confirme les donations et, quatre ans après, assiste à un concile suivi d'une procession à laquelle prend part Louis VI dit le Gros.
Le 30 juillet de l'année suivante, pour accomplir la volonté de Philippe Ier qui venait, à Melun, de rendre son âme à Dieu, "Louis VI, dit la chronique, fit mettre le corps de son père dans une litière fort bien parée de deuil, et la fit charger sur les épaules de ses serviteurs, qui la transportèrent à l'abbaye de SaintBenoît ; le dit Louis le Gros suivant le convoi de son père, tantôt à pied, tantôt à cheval, pleurant et priant avec les seigneurs qui étaient de la compagnie..."

Le 2 août 1108, le roi Philippe Ier est inhumé sous le sanctuaire. Dans le premier transept est placé le tombeau, en pierre d'Apremont, que fit ériger Louis VI à la mémoire de son père. Ce mausolée représente le monarque couché sur une dalle supportée par quatre lions.

1108 Le 21 mars, consécration de l'abside et du chœur.

1218 Dédicace de la basilique enfin achevée.


Son plan qui a la forme d'une croix archiépiscopale comprend deux transepts, un déambulatoire avec absidioles en nombre pair et trois nefs précédées d'un porche ou narthex (voir plus haut la tour-porche).
Sept travées séparent la nef centrale (avec croisée d'ogives) des collatéraux voûtés d'arêtes, en supportant à 20 mètres de hauteur, sur leurs colonnes aux chapiteaux feuillages ou historiés par des scènes de la vie de saint Benoît, les voûtes à nervures dont elle a été recouverte, et qui contrastent avec celles du grand transept et du choeur qui sont en berceaux, le choeur étant terminé par une abside en cul-de-four.
La sévérité qui règne à l'intérieur de ce grand vaisseau de 80 mètres de longueur totale, la simplicité de sa décoration en font l'une des constructions monastiques les plus remarquables du XIe-XIIe siècle.

La grande porte ouest, sans intérêt, qui forme l'entrée de la basilique, n'a été ouverte sous le porche qu'en 1648, mais la porte latérale nord, murée depuis longtemps, offre un superbe spécimen de l'art du XIIIe siècle avec ses six grandes statues de patriarches et de prophètes, accolées au fût des colonnes, son linteau représentant l'enlèvement du corps de saint Benoît de l'abbaye du Mont Cassin et son tympan au centre duquel rayonne un Christ triomphant, en bas-relief.

En 1238, Jean, 46e abbé, obtient du pape Grégoire IX, pour lui et ses successeurs, le droit de porter la mitre et l'anneau d'or.

1413 Les stalles sont exécutées et placées à la croisée du transept. Modèles de composition décorative, elles ont été ornées par Jacques et Collardin Chapelle, d'Orléans, d'imageries satiriques et d'un magnifique panneau représentant l'Annonciation.

1486 L'abbaye est mise en commende, ses supérieurs étant nommés par le Roi.

Malheureusement, avec les premiers abbés commendataires commence la décadence de l'abbaye : Antoine Duprat succède à l'archevêque de Paris, Etienne Porcher, comme troisième abbé commendataire ; précepteur du comte d'Angoulême après avoir été avocat au Parlement de Toulouse, il est nommé successivement président de celui de Paris, puis chancelier de France à l'avènement de François Ier. Ayant embrassé la vie monastique en 1517, après le décès de sa femme, il profite de son influence sur la reine mère pour se faire créer cardinal, légat a latere en 1530, archevêque de Sens, évêque de Meaux, et obtenir l'abbaye de Saint-Benoît.


Le jubé que l'abbé Etienne Porcher fit construire en
1518 ainsi que l'arc de triomphe élevé devant le grand autel par l'abbé Duprat, ayant été démolis, l'un en 1642, l'autre au XVIIIe siècle, le sanctuaire de 1026 apparaît dans toute sa beauté : 16 colonnes l'environnent et 64 colonnettes placées au-dessus de ces dernières soutiennent l'entablement qui supporte la voûte, mais ce bel ordonnancement est interrompu par le mur de l'immense retable qui depuis 1661 déploie entre de superbes sujets dix colonnes de marbre.


Les religieux ne voulurent pas reconnaître la nomination de Duprat et s'opposèrent à main armée à son installation; ayant levé le pont-levis, ils se réunirent dans la tour qui sert aujourd'hui de porche à l'église, repoussèrent les troupes du chancelier et les battirent complètement. Malgré ce piteux échec, Duprat conserva l'abbaye, de par la volonté du roi, qui en juillet 1527 fit découronner de ses créneaux et abaisser la tour du péristyle pour punir les moines de leur rébellion.

Le choeur qui est recouvert par quelques fragments de la mosaïque italienne donnée par l'abbé Duprat en 1531 renferme les belles stalles, dont nous avons parlé.

A la mort de son successeur, le cardinal Odet de Châtillon, frère aîné de l'amiral de Coligny, gouverna le monastère, mais ayant adopté les doctrines de Calvin, il les professe ouvertement, dépouille l'abbatiale de ses richesses et de la châsse de saint Benoît qui pesait 35 livres d'or.
En
1562, le prince de Çondé le mit ensuite à feu et à sang et dispersa les précieux manuscrits que renfermait sa bibliothèque. La bibliothèque de Fleury était particulièrement riche. Elle fut en partie détruite par les calvinistes en 1564. Daniel, bailli de Saint-Benoît, sauva un certain nombre de manuscrits ; mais, une fois la paix rétablie, il n'en restitua qu'un petit nombre. Ce sont ceux-là qui sont aujourd'hui à la Médiathèque d'Orléans. Quant aux manuscrits que Daniel s'appropria, il les vendit à Paul Petau et à Jacques Bongars. Petau ayant vendu sa bibliothèque à la reine Christine de Suède, les manuscrits de Fleury qu'il avait acquis ont passé avec les autres manuscrits de la reine de Suède à la bibliothèque du Vatican. Les manuscrits de Bongars, donnés par lui à un Strasbourgeois nommé Gracivet, ont été ensuite conservés à la bibliothèque de Berne.


Lorsque le calme fut rétabli l'abbaye compta au nombre de ses abbés quelques personnages éminents, parmi lesquels le protestant Maximilien de Béthune, duc de Sully, ministre d'Henri IV, qui toucha les revenus sous le nom du chantre de l'église collégiale de Sully-sur-Loire, Jacques le Ber. Bien que possédant déjà les bénéfices d'une trentaine d'abbayes du royaume, Jean-Armand du Plessis, cardinal de Richelieu, fut encore pourvu de celle de Saint-Benoît en 1621.

1621 Richelieu, déjà abbé commendataire de moult abbayes, le devient de Fleury. Il donne le monastère à la Congrégation de Saint-Maur en 1627.

L'église possède un tableau peint par Galliotti en 1689 pour commémorer la vision du saint

1704 Edification de la tribune de l'orgue

1712-1731 Construction d'un nouveau monastère


En
1780, l'abbé dom Godard ayant fait raser les deux tours du chevet, une seule subsiste au-dessus de la croisée du transept ; cette dernière qui était surmontée d'un clocher en plomb détruit par la foudre en 1515, est couronnée par un dôme dont les pendentifs sont supportés par quatre piliers ornés de colonnes â demi engagées.

1791 la Révolution disperse la communauté; au début de l'empire le monastère sert de carrière de pierres. Le monastère avait perdu son éclat et ne comptait plus que douze religieux et quinze novices qui se retirèrent dans leurs familles.
Vendu comme bien national, le 24 fructidor an IV au citoyen Lebrun, architecte à Orléans, qui le fit démolir, il ne reste plus aujourd'hui de cette antique abbaye que son admirable église abbatiale.


Plusieurs reliquaires, dont la châsse de Mumma, déjà citée, un chapelet en bois odorant orné de médailles d'or et d'une admirable miniature, offert au prieur Mathieu Gilbert par Mme de Montespan, sont les seuls objets qui ont été sauvés du pillage de 1791.

 

1865-1928 Première reprise de la vie monastique par des moines venus de la Pierre-qui-Vire.
Peu avant sa mort prématurée, en 1854 le Père Muard, fondateur de la Pierre-qui-Vire, vient à Saint-Benoît-sur-Loire et prédit au curé de la paroisse qu'un jours ses fils chanteront ici les louanges de Dieu. De fait le 7 janvier 1865, à la demande de Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, 3 moines de la Pierre-qui-Vire s'installent au presbytère de Saint-Benoît et prennent en charge la paroisse en attendant de pouvoir reconstruire le monastère. Mais en 1881, puis de façon plus décisive en 1903, les religieux sont expulsés de France. Un moine vêtu en prêtre séculier et exerçant les fonctions de vicaire, peut pourtant demeurer à Saint-Benoît jusqu'en 1928. Max Jacob se retire à Saint-Benoît-sur-Loire de 1921 à 1928, vit à Paris de 1928 à 1937, revient à Saint-Benoît où il est arrêté par la Gestapo, comme Juif, le 24 février 1944, et meurt, quelques jours après, le 5 mars, à Drancy.

1944 Refondation.
Rentrée d'exil en 1920, la communauté de la Pierre-qui-Vire peut acheter, dès 1935, une partie des terrains situés au sud de la Basilique et envoyer un groupe de frères pour les entretenir. Le 11 octobre 1944 treize moines reprennent enfin à Fleury l'observance monastique et entreprennent la reconstruction du monastère. Une communauté d'une quarantaine de moines y vit aujourd'hui sous la direction du Père Abbé Etienne Ricaud.


 
Sources :
 
 
- http://www.abbaye-fleury.com ( site de l'abbaye)
- http://www.coeur-de-france.com/st-benoit.html
- http://fr.news.yahoo.com/quid/s_8006.html
-http://www-droit.u-clermont1.fr/Recherche/Centresrecherche/Histoire/Gerhma/DroitRomain.htm
- http://www.fleury.nl/etymofr.htm (étymologie)
- http://www.hp.uab.edu/image_archive/ujg/metalwork07.jpg (image châsse de Mumma)
- http://www.lepoint.fr/data/PNT1415/1514801P.html ( Robert le pieux)
-http://www.tradere.com/biblio/histeg/eg-04.htm ( réforme XIe siècle)
- http://www-droit.u-clermont1.fr/Recherche/CentresRecherche/Histoire/gerhma/RomaniteMidi.htm
- http://www.chez.com/gazettevr/stbenoit.htm (plan)
- http://www.fleury.nl/etymofr.htm (étymologie Fleury)
- http://www.royalement-votre.com/Orleanais/images/Saint-benoit-sur-loire.html (photos)
- http://www.uic.edu/classes/ah/ah243/ah243-012.html ( photo chapiteau)
-- http://perso.club-internet.fr/guy1/chatillon.htm
- http://maxjacob.free.fr/Une%20drogue.html (photo chapiteau)
- http://www.sas.ac.uk/warburg/mnemosyne/orientation/astrobib/astro_biblio3.htm (image du manuscrit du pseudo-Bède)
 
 
- Visages de l'Orléanais, par Bruley, Crozet et Sibertin-Blanc, Editions Horizon de France, 1951.
- Abbayes de France, par Marie-Josèphe Lussien-Maisonneuve
- Nos Abbayes, par A. Broquelet, éditions Garnier Frères, vers 1920.