ENCYCLOPEDIE -DE--LA--LANGUE -FRANCAISE
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ABALONE
(ormeau) 1
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introduction
anatomie---------------
coquille d'abalone pinto ou abalone nordique (Haliotis kamtschatkana)
 

 

Ce mot anglo-saxon, qui est la traduction du français ormeau (parfois haliotis, haliotide, et régionalement : ormel, ormais, ormé, aoudeilleta, ou encore gofiche, goufique, goufigue pour la Normandie), est très utilisé internationalement et commercialement sous sa forme outre-Atlantique, même si chaque langue a ses équivalents dans la sienne propre :


Allemagne, seeohr
Angleterre, godfish
    Australie, muttonfish
    Danemark, soore
    Espagne, oreja de mar (oreille de mer ou marine : voir aussi Italie, Portugal)
    Grèce, haliotis
    Guernesey, ormet
    Islande, saeeyra
    Italie, orecchia marina
    Japon, awabi ( dont kuro awabi, megai awabi, madaka awabi au sud et Ezo awabi au nord), tokobushi
    Nouvelle-Zélande, Paua
    Pays-Bas, zee-oor
    Portugal, orelha
    Suède, havsora
    Turquie, deniz kulagi
    Yougoslavie, srdela

INTRODUCTION


Les ormeaux appartiennent à la famille monogénérique des Haliotidés (embranchement des Mollusques, classe des Gastropodes, ordre des Vetigastropodes, Ponder et Lindberg, 1997), qui comprend une centaine d'espèces décrites et qui habitent les eaux tropicales et tempérées des deux hémisphères (Geiger, 1999). Dix espèces sont considérées comme ayant une valeur commerciale, qu'on trouve particulièrement en Corée et en Chine (Haliotis discus hannai, en particulier, provinces de Liaodong en Corée et Shandong pour la Chine), Afrique du Sud (Haliotis midae surtout) , Australie du Sud (Haliotis ruber, en particulier), Nouvelle-Zélande (Haliotis iris, surtout : Nouvelle-Zélande, la paua), au Japon, Mexique et États-Unis.

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2. Haliotis tuberculata, et ses yeux bleus dignes d'un film de science-fiction, au bout d'anciennes tentacules.
3. Haliotis tuberculata lamellosa, Lamarck, 1822. Méditerranée.
4. "Ormeaux nordiques nourris exclusivement de grandes algues, cultivés dans le cadre du Bamfield Huuay-
aht Community Abalone Project mené à Bamfield, sur la côte ouest de l’île de Vancouver. Une variante
orange se voit au premier plan (les ormeaux sont habituellement plus foncés dans le milieu naturel).
(Photo : L. Convey, Pêches et Océans Canada, Nanaimo)."
photo et texte extrait de : http://dsp-psd.tpsgc.gc.ca/collection_2009/ec/CW69-14-240-2009F.pdf
5 et 6. Haliotis kamtschatkana-assimilis, jeune individu, Laguna Beach, Orange County, Californie. 04/13/07.
Son nom vulgaire au Canada est ormeau nordique ou haliotis pie.

"L’ormeau nordique, Haliotis kamtschatkana Jonas 1845, est la seule espèce d’ormeau communément trouvée en eaux canadiennes. Des individus de l’ormeau rouge, H. rufescens, ont très rarement été trouvés dans les eaux côtières de l’ouest du Canada (Campbell, comm. pers., 2008). Cox (1962) et Haaker et al. (1986) mentionnent aussi la présence de l’haliotide verte du Nord, H. walallensis, au Canada, mais Geiger (1999) n’inclut pas ces rapports dans son étude de la taxinomie de l’ormeau.
Le terme « nordique » est utilisé car l’espèce est, parmi toutes les espèces d’ormeaux, celle qui se trouve le plus au nord (McLean, 1966). Dans l’ouest des États-Unis, Haliotis kamtschatkana est appelé « pinto abalone », alors que dans le Registre public de la LEP (Loi sur les espèces en péril), il est appelé « haliotide pie ». Bien que Montfort (1810) ait été le premier à l’appeler « haliotide », le nom le plus approprié est « ormeau nordique » (pluriel : ormeaux nordiques), qui est similaire à l’appellation utilisée en France (Clavier et Richard, 1986; Foucher et Cochard, 2005).
« Ormeau » est utilisé dans la plupart, sinon tous les documents traduits de Pêches et
Océans Canada (p. ex. Campbell, 2000b; Withler et al., 2001). Plusieurs noms autochtones pour l’ormeau ont été relevés dans la documentation publiée et les procèsverbaux des réunions du groupe de mise en oeuvre du rétablissement de l’haliotide. (tableau 1).

McLean (1966) et Geiger (1999) reconnaissent deux sous-espèces : l’ormeau
nordique ou « pinto abalone » en anglais, H. kamtschatkana kamtschatkana, et
l’ormeau fileté, H. k. assimilis Dall 1878 (se reporter à la section Aire de répartition
mondiale pour la répartition des deux formes). Inversement, Cox (1962) les a
considérées comme des espèces distinctes, H. kamtschatkana et H. assimilis,
respectivement. Quoi qu’il en soit, les taxinomistes considèrent les deux sous-espèces
comme des variantes d’une seule espèce trouvées aux extrêmes géographiques de son
aire de répartition (Geiger et Poppe, 2000)."

extrait de : http://dsp-psd.tpsgc.gc.ca/collection_2009/ec/CW69-14-240-2009F.pdf
 
     
    "L’haliotide pie fut le premier invertébré marin à figurer sur la liste des animaux en péril du COSEPAC. Elle a été déclarée espèce menacée en avril 1999.

    Pourquoi l’haliotide pie est-elle en danger ?

    Pendant des milliers d’années, les populations d’haliotide pie ont vécu en équilibre écologique avec leurs prédateurs naturels et les autres herbivores. Les Premières nations, comme les Haïdas, pêchaient l’haliotide pie à la main ou à la lance à des fins alimentaires, rituelles et commerciales.

    Mais dans les années 1960, on a commencé à utiliser de l’équipement de plongée autonome pour faire la récolte commerciale de l’haliotide comme mets délicat gastronomique. Cela signifiait que l’haliotide pouvait être pêchée en grand nombre, et à de grandes profondeurs, partout dans son habitat.

    Les haliotides adultes, qui se réunissent pour frayer, sont des cibles faciles. En conséquence, le nombre d’haliotides reproductrices a baissé considérablement et la progéniture a été moins abondante. Les populations ont commencé à diminuer.

    L’haliotide pie grandit et se reproduit lentement. En fait, moins d’un pour cent de la progéniture survit aux nombreux dangers auxquels l’ormeau (haliotide juvénile) fait face avant de devenir un adulte reproducteur. Cela rend l’haliotide particulièrement vulnérable à la récolte excessive.

    Malgré l’interdiction totale de récolter l’haliotide, promulguée en 1990, les populations d’haliotides pie ne se rétablissent toujours pas. Une des causes est le braconnage, encouragé par la grande demande et les prix élevés en raison de la rareté de l’haliotide, et par le fait qu’il est difficile de patrouiller dans un littoral étendu.

     
    D’autres facteurs jouent un rôle dans l’incapacité de se rétablir des populations d’haliotides pie, notamment la pollution, la prédation, les modifications de l’environnement et leur rythme de reproduction lent."

    extrait de : http://www.pc.gc.ca/fra/nature/eep-sar/itm3/eep-sar3m/2.aspx

 
7. Haliotis asinina, Linnaeus, C., 1758, Vietnam.
8. Haliotis rufescens Swainson (1822), l'abalone rouge de Californie.


DISTRIBUTION, HABITATS et MOEURS

 

"L'ormeau (nom en France) est réparti dans bien des régions du monde; on le trouve le long des côtes de la Méditerranée, de l'Afrique, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, dans les îles du Pacifique et le long de la côte ouest de l'Amérique du Nord. Dans l'Atlantique, on le trouve jusque sur les côtes de Saint-Malo et des îles Anglo Normandes.


L'espèce rare, Haliotis pourtalese, vit au large de la Floride; on ne la connaît guère que par les coquilles rejetées au rivage, car elle se fixe à des profondeurs allant de 100 à près de 400 m, battant ainsi le record de la famille. Les autres espèces vivent en effet en eau superficielle et ne dépassent guère une profondeur d'une vingtaine de mètres, le long des côtes rocheuses où il n'y a pas de sable pour obstruer leurs branchies, ou dans les anfractuosités suffisamment grandes pour n'être pas trop rapidement chauffées par le soleil. La seule autre exception: l'ormeau noir, qui vit dans la zone des embruns, là où les vagues couvrent et découvrent tour à tour les rochers.

Contrairement à la patelle, l'ormeau n'a ni gîte, ni coin de rocher où retourner après s'être nourri. Il se dissimule simplement dans une fissure ou sous une pierre, évitant la lumière et sortant la nuit. Inquiété, l'ormeau s'attache à la roche, son pied faisant alors office de ventouse [image 9, NDE]; les deux muscles principaux du corps exercent une force énorme, jusqu'à 180 kg pour un spécimen de 10 cm de longueur [Atlantique 13 cm, Méditerranée, 10 cm, mers chaudes 25 cm. environ, NDE]. Contrairement à la patelle encore, ce mollusque ne peut recouvrir son corps entier de sa coquille, et le bord du pied frangé de filaments tactiles reste à l'extérieur.

9 Abalone dans un aquarium. Une main presse sa coquille pour mettre en évidence l'élasticité du pied ventouse, qui peut alors s'étaler sur toute la longueur et la largeur de l'animal

Il se déplace par des contractions musculaires courant le long du pied et qui le poussent en avant. Tandis qu'une partie du pied s'étend, l'autre se fixe au sol à l'aide d'un mucus visqueux; la partie avancée se fixe à son tour, pour permettre au reste du corps de suivre. Cette manière diffère de celle des patelles et des escargots en ceci que les vagues musculaires passent de part et d'autre du pied, de telle sorte que lorsqu'un côté se meut, l'autre reste fixe.
L'ormeau est très rapide pour un coquillage: on a relevé une vitesse de cinq à six mètres à la minute, parcours qu'aucun ormeau ne saurait toutefois accomplir d'une traite.

Une râpe efficace


L'ormeau est phytophage et rampe à la surface des rochers, broutant les algues qu'il repère grâce à ses tentacules sensoriels. Il préfère les délicates algues rouges et les vertes laitues de mer, mais ratisse également les fragments de varech arrachés par les vagues. Les jeunes mangent les formes végétales qui encroûtent les pierres, Corallina par exemple, une plante qui rappelle un corail. La nourriture est raclée et mâchée en menus morceaux, la radula
[images 11-13, NDE], langue formée d'un grand nombre de petites dents calcaires, faisant office de râpe.


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10. Bouche et langue râpeuse : la radula
11. Radula : vue rapprochée, vue microscopique des dents et de l'odontophore, base cartilagineuse de la langue.
12. Anatomie de la radula, avec : dents marginales, dents médianes et dents latérales.

 

Une ponte de 100 000 œufs


Certains mollusques sont hermaphrodites; l'ormeau, lui, est mâle ou femelle. Il atteint sa maturité sexuelle à l'âge de six ans. Les gamètes sont directement libérés dans la mer et de ce fait abondamment gaspillés. La mer devient laiteuse dans un rayon de 90 cm autour du mâle quand il lâche sa laitance, et la femelle n'est incitée à pondre ses 100 000 œufs ou plus que par la présence de spermatozoïdes dans son voisinage, ce qui réduit les pertes.
Les œufs fécondés sont protégés par une enveloppe gélatineuse et flottent dans la mer jusqu'à ce que quelques heures plus tard ils éclosent, donnant naissance à de minuscules larves trochophores, en forme de toupie et qui nagent grâce à une bande ciliée entourant leur partie la plus épaisse. Le jour suivant, la larve trochophores devient véligère, réduction en miniature de l'adulte complet avec sa coquille, mais portant encore sa bande ciliée qu'elle perdra deux jours plus tard; elle tombe alors au fond de l'eau et commence à se transformer en adulte, ce qui lui prend plusieurs semaines.
Les larves nageant librement présentent l'avantage de répandre les ormeaux, sédentaires, mais elles sont très vulnérables: les poissons se nourrissant de plancton, les anchois et les harengs en particulier, en engloutissent des millions."

http://france-abalone.fr/InformationsGenerales.aspx


ANATOMIE

 

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a) Anatomie externe avec la coquille, schéma avec : spire, pores, gouttières. Le nombre de pores est variable selon les espèces. Au fur et à mesure où l'animal grandit, les pores sont remplis et bouchés. La coque se divise en trois couches : Une mince cuticule externe, le concholin, une coquille dure, appelée couche cornée, composée principalement de carbonates de calcium inscrustés dans la cuticule, et une couche profonde similaire à la précédente, appelée couche nacrée ou couche de perle.
b) Anatomie externe sans la coquille, schéma. Légende : 1-anus; 2-tentacule; 3-foie; 4-branchies; 5-epipodium (ou épipode : repli de la partie supérieure du pied d'un gastéropode portant souvent des tentacules); 6-oeil; 7–10-manteau; 11–12-manteau tactile; 13-coeur; 14-pied; 15–16-muscle adducteur; 17-intestin).
c) Anatomie du système digestif, schéma. Légende : 1-anus; 2-intestin; 3-foie; 4-oesophage; 5–7-glande salivaire; 8-radula; 9-bouche; 10-estomac.
d) Anatomie du système nerveux, schéma. Légende : 1-nerf cerébral; 2-ganglion cerébral (quatre paires); 3-nerf cérébral postérieur; 4-nerf cérébral antérieur; 5-ganglion pédien; 6-nerf pédien; 7-ganglion ventral; 8-nerf pédien sous l'oesophage; 9-ganglion intestinal sous l'oesophage; 10-ganglion branchial).
e) Stades de développement larvaire 1. Légende : 1-les globules polaires apparaissent sur les oeufs fertilisés - 15–30 mn.; 2-stade cellulaire : 2 cellules ; 3- stade cellulaire : 4 cellules, 80 mn.; 4–stade cellulaire : 8 cellules - 120 min.; 5–stade cellulaire : 16 cellules - 160 min.; 6-stade morula (mûre, en latin par analogie du fruit) - 195 min.; 7- stade gastrula - 6 heures.; 8- stade de trocophore, ou larve nageuse, ciliée, en forme de toupie, dans le chorion (membrane de l'oeuf )- 7–8 h.; 9-nouvelle éclosion du trocophore - 10– 12 h; 10- stade véligère précoce - 15 h.; 11- stade véligère tardif - 48 h.) : du latin velum, voile et gero, porter, stade larvaire chez les mollusques.
f) Stades de développement 2. Légende : 12-stade péristomal (formation du péristome, avec rebord de la coquille entourant le manteau.) Le péristome est composé des dernières spires d’accroissement de la coquille. - 6–8 jours; 13-jeune larve avec épidodes (cordons cytoplasmiques)- 19 jours; 14–15- jeune abalone - 45 jours.


La perle d'abalone


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Tous les mollusques à coquille, en théorie, peuvent créer des perles. En réalité, ce sont surtout les mollusques bivalves qui le font. Cette action est un mécanisme de défense. Quand un objet étranger et irritant s'introduit à l'intérieur de la coquille, l'animal se protège en déposant sur son pourtour une couche de carbonate de calcium sous la forme d'aragonite ou de calcite, c'est la nacre. Si la perle prisée par la perliculture, bien ronde, aux beaux reflets, est produite par les huîtres perlières, il existe différentes perles aux formes et aux qualités différentes, et les perles d'abalone, avec celles des bivalves du genre Pteria, en font partie, en tant que demi-perles ou mabé (mabe), et ressemblent plutôt à des bottines (image 18) ou à des dents de requin (image 19) qu'à des perles, mais elles sont néanmoins utilisé en joaillerie, montées en pendentif, en collier, par exemple.

Pour comprendre, entre autres, la nature des perles, les termes techniques utilisés par l'industrie perlière, on lira avec profit le document suivant, PERLES, relatif à une exposition du Museum d'Histoire Naturelle de la Ville de Paris, extrait du site du musée : http://www.mnhn.fr/museum/front/medias/dossPresse/11618_dpperles.pdf

     


     

 

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